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LE CONTEXTE DE L'ESPAGNE MYSTIQUE AU XVIe SIÈCLE



Le XVIe siècle est l'âge d'or espagnol. La société est en changement. De nouvelles valeurs et des réformes vont apparaître dans l'Eglise.

Première partie: Contexte social, politique et religieux

Déjà aux XIVe et XVe siècles, sainte Catherine de Sienne (1347-138), le courant de la "Devotio Moderna" dans les Pays-Bas, , sainte Catherine de Gênes (1447-1510) et le dominicain Jérôme Savonarole , en Italie, militent en faveur de la Réforme de l'Eglise par un retour à une vie chrétienne plus authentiquement évangélique.

CE SIECLE AVAIT LA FIEVRE

C'est l'époque de Charles-Quint et de Philippe II, du Concile de Trente, de Luther, de Calvin, d'Ignace de Loyola. L'Espagne connaît un âge d'or à tous les points de vue: social, religieux, politique et littéraire.

Au XVIe siècle, l'Espagne va dominer la scène politique en Europe. Dans un monde troublé, chancelant et en changement, l'Espagne est comme une lumière, un îlot de stabilité. Elle a une vitalité politique, économique et religieuse étonnante. Au plan politique, c'est l'apogée de la monarchie espagnole avec Charles-Quint et Philippe II. Au plan économique, l'Espagne va s'enrichit par l'afflux de capitaux provenant de ses découvertes, car elle rapportera des tonnes d'or de l'Amérique. Au plan religieux, ce sera une époque de floraison de sainteté. La vitalité religieuse est diffuse un peu partout et elle imbibe toute la société, toutes les couches de la population et toute la vie sociale et économique. L'ensemble de la société va se passionner de missions, de contemplation, d'oraison; les monastères et les couvents seront assiégés, au parloir, par les laïques venus pour des leçons d'oraison. Il y a une unité et une cohésion interne de l'ensemble de la société et la vitalité qui se manifeste n'est pas seulement le fait de petits groupes comme ce sera le cas ailleurs.



1. Facteurs d'animation spirituelle

1.1 La circulation des écrits de piété

Le premier facteur d'animation spirituelle vient de la circulation des écrits de piété favorisée par l'invention de l'imprimerie par Guttenberg en 1460. Avec cette invention, un monde nouveau apparaît. On passe de la littérature orale et d'une littérature écrite liée à quelques moines copistes à une littérature (spirituelle surtout, dans les débuts) où la Bible et les écrits des Pères de l'Eglise deviennent à la portée de tout le monde.

Pendant la seule génération de Guttenberg, la Bible au XVe siècle a 450 éditions dans toutes les langues. Avant l'invention de l'imprimerie, on devait l'accrocher au lutrin pour ne pas se la faire voler! L'Imitation de Jésus Christ de Thomas a Kempis, reflet de la spiritualité développée dans le milieux de la "Devotio Moderna" a 70 éditions au XVe siècle.

De plus, on se met à écrire, non plus seulement en latin, comme c'était le cas avant, même pour les ouvrages de piété, mais en langue populaire. Saint Jean de la Croix n'écrira pas en latin parce qu'il veut être lu. Sainte Thérèse d'Avila ne connaît pas un mot de latin. Ce sera de moins en moins un handicap, car les trésors de la spiritualité sont de plus en plus écrits en langue vernaculaire.



1.2 L'épopée missionnaire

Le deuxième facteur d'animation spirituelle , en Espagne surtout, c'est l'épopée missionnaire. On ouvre des missions à l'extérieur du pays. Grâce aux nouvelles découvertes, l'Espagne et le Portugal vont s'ouvrir sur des contrées inconnues.

En 1492, Christophe Colomb découvre l'Amérique, et déjà en 1526, il y a une université à Mexico. Il y en aura une autre à Lima, au Pérou en 1553. A cause des difficultés chez les Carmes de la réforme thérésienne , saint Jean de la Croix, à la fin de sa vie, avait été désigné pour aller au Mexique. Sainte Thérèse d'Avila a neuf frères, dont six viennent en Amérique. Parmi eux, quatre vont y mourir et deux vont revenir terminer leurs jours en Espagne.

L'épopée missionnaire est liée aux découvertes. L'appel vers les nouvelles contrées va venir de deux motivations contradictoires. C'est d'abord un enrichissement possible: on sort l'or du Mexique et du Pérou et on l'amène en Europe. C'est aussi un désir de convertir les gens des pays inconnus des européens auparavant.

Un tas de choses farfelues se disent et s'écrivent au sujet des nouveaux peuples découverts. On se demande si les Indiens ont une âme. Certains soutiennent qu'ils n'en ont pas, c'est pourquoi il n'est pas défendu de le massacrer.



1.3 Les courants réformateurs dans l'Eglise

Il y a des courants réformateurs qui travaillent l'Eglise de l'intérieur. Le Concile de Trente, 1545-1563, qui se fait en trois périodes, et difficilement, dans la ville de Trente près de Venise, au nord de l'Italie consacre et officialise la réforme dans l'Eglise..

Il y a aussi la réforme de Luther qui avant le Concile s'est faite dans les conflits et qui a abouti à la séparation d'avec Rome. Le 1 novembre 1517, Luther publie ses 95 thèses à Würtenberg. Luther (1483-1546) est contemporain d'Ignace de Loyola, de Thérèse d'Avila et de Jean de la Croix. Calvin (1509-1564) déploie son activité chez les francophones suisses et en France . Ce sont ses adeptes qu'on appelle, en France, les hughenots. L'influence de Wicliff (1484-1531) se fait sentir surtout chez les protestants suisses de langue allemande.

L'esprit est donc à la réforme. Le concile de Trente est en réaction contre Luther, mais les deux s'entendent sur le besoin de réforme. Il y a un profond mouvement de réforme dans les diverses couches de l'Eglise catholique. Certains Ordres religieux entreprennent une réforme des monastères. Les Bénédictins ont un chapitre en 1500, lequel introduit la réforme. L'Abbé de Montserrat, Jimenez de Cisneros, en est un des promoteurs les plus actifs. Chez les Franciscains, François Osuna et Bernardin Laredo développent la voie du "Recueillement" et ils seront des artisans de renouveau. En 1562, c'est le début de la réforme thérésienne chez les Carmélites et, puis, aidée de Jean de la Croix, Thérèse d'Avila introduit sa réforme chez les Carmes en 1568. Les Dominicains, en Espagne, vont aussi se réformer sous l'influence des réformes italiennes par un retour à une pauvreté plus rigoureuse et une prédication plus interpellante. Un des confesseurs de Thérèse d'avila, saint Jean d'Avila, un prêtre diocésain, sera l'initiateur de la réforme du clergé, en Andalousie notamment et son oeuvre inspirera les Pères du Concile de Trente.



2. Prédominance de l'Espagne

2.1 Le fait

Au XVIe siècle, l'Espagne va dominer la scène politique en Europe. Dans un monde troublé, chancelant et en changement, l'Espagne est comme une lumière, un îlot de stabilité. Elle a une vitalité politique, économique et religieuse étonnante. Au plan politique, c'est l'apogée de l'Espagne sous Charles-Quint et Philippe II. Au plan économique, l'Espagne va s'enrichir. Elle verra un afflux de capitaux avec ses découvertes, car elle rapportera des tonnes d'or de l'Amérique. Au plan religieux, ce sera une époque de floraison de sainteté.

La vitalité religieuse est diffuse un peu partout et elle imbibe toute la société, toutes les couches de la population et toute la vie sociale et économique. L'ensemble de la société va se passionner de missions, de contemplation, d'oraison; les monastères et les couvents seront assiégés, au parloir, par les laïques venus pour des leçons d'oraison.

Il y a une unité et une cohésion interne de l'ensemble de la société et la vitalité qui se manifeste n'est pas seulement le fait de petits groupes comme ce sera le cas ailleurs.

2.2 Les causes

2.2.1 L'unité politique

L'unification des Royaumes d'Aragon et de Castille par le mariage de Ferdinand d'Aragon et d'Isabelle de Castille, en 1469, va amorcer la départ du processus de formation de l'unité politique du pays. Cela va amener la reconquête du territoire espagnol dans son entier en 1492. On va renvoyer les Arabes, appelés Maures, en Afrique. Un sentiment d'indépendance, se fait jour. L'Islam, après la mort de Mahomet, s'était répandu jusqu'en Espagne, et c'est la victoire de Charles Martel en 632 qui les avait arrêtés. Les arabes s'étaient installés au sud de l'Espagne où le califat de Cordoue et le royaume maure de Grenade connurent des heures de gloire. La fin de l'occupation maure suscite une effervescence caractéristique des jeunes nations.

2.2.2 Le renouveau intellectuel

Une deuxième cause de cette vitalité réside dans le bouillonnement des activités intellectuelles. Celles-ci seront plus poussées que dans le reste de l'Europe, en théologie, en philosophie et dans les diverses disciplines du savoir. Le principal agent de ce renouveau intellectuel est le cardinal Garcia Jimenez Cisneros (1436-1517), archevêque de Tolède. Il va créer une nouvelle université à Alcala en 1498-1500. Saint Jean de la Croix y sera responsable des jeunes étudiants carmes qui la fréquenteront et saint Ignace de Loyola y étudiera.

L'influence des Pays-Bas (Flandres) n'est pas étrangère à cette vitalité intellectuelle. Les Pays-Bas sont une possession espagnole. De cette façon, il y a une circulation d'idées et d'écrits qui va se faire facilement. Erasme, un des plus célèbres érudits de la Renaissance, jouira d'un grand crédit en Espagne au XVIe siècle.

2.2.3 L'unité de foi

La société espagnole garde une cohésion et une unité de foi à travers les remous que connaît l'Europe. On vit comme un prolongement de la chrétienté médiévale où la même vision de foi imbibe toute la société et où elle n'est pas remise en question, tandis qu'ailleurs en Europe la société du Moyen-Age est en train d'éclater.

L'Espagne va rester unie dans la même foi parce qu'elle est à l'abri des mouvements de réforme en Allemagne et en Angleterre, grâce à sa situation géographique qui la sépare du reste du continent par les Pyrénées. Elle va se désintéresser de ce qui se passe en Europe et se tourner vers les nouvelles contrées découvertes.

Cette unité est renforcée par l'activité de l'Inquisition espagnole qui est un tribunal ecclésiastique chargé de juger et de poursuivre les éventuels hérétiques, pour erreur de doctrine et hérésie. Ce tribunal pouvait utiliser le bras séculier, c'est-à-dire la police civile. Nos saints de cette période ont presque tous eu affaire avec l'Inquisition.

3. Les influences spirituelles

Dans une période aussi riche, en Espagne, il n'est pas facile de reconnaître et de classifier toutes les influences à l'oeuvre et qui deviennent des courants. Ces courants ne tuent pas la créativité des gens impliqués dans le renouveau.

3.1 L'héritage de la "Devotio moderna"

L'héritage, ce qu'on en a retenu dans les siècles suivants, surtout au XVIe siècle, ce qu'on a assimilé et gardé de ce courant spirituel par la suite, se situe à trois

a) On va retenir une primauté du psychologique, un accent mis sur les états intérieurs, sur le subjectif, au point qu'on en viendra par la suite à analyser, répertorier, classifier même, et alors il deviendra possible de construire un instrument pédagogique dont l'objectif sera d'arriver à ces états intérieurs.

L'instrument pédagogique le plus connu, fruit de cette mentalité-là, s'appelle l'oraison mentale. Sainte Thérèse d'Avila va le perfectionner et le populariser au XVIe siècle. C'est une suite directe de cet esprit de la Devotio moderna, qui utilisait des méthodes et des techniques pour éduquer et arriver aux sentiments intérieurs.

Thérèse d'Avila découvre cette voie à travers deux franciscains et Ignace de Loyola par l'intermédiaire d'un abbé bénédictin.

Fransisco OSUNA, 1492-1540. Il a écrit le Troisième Abécédaire ou Tercer Abecedario. C'est un livre que sainte Thérèse d'Avila a lu avant sa conversion. Fransisco Osuna était un franciscain espagnol.

Bernardin LAREDO, o.f.m., mort en 1540. Il a écrit la Subida del Monte Sion ou la Montée du mont Sion. Thérèse l'a lu lui aussi comme Osuna. Saint Jean de la Croix a dû le lire et s'en est sûrement inspiré pour le titre d'un de ses ouvrages La montée du Carmel. .

Jimenez de CISNEROS (1455-1510), bénédictin. Il était abbé de l'abbaye de Montserrat, près de Barcelone. Ce bénédictin, s'inspirant de la Devotio moderna, a écrit: Exercitatorio de la vida espiritual ou Les exercices de la vie spirituelle. Ignace de Loyola s'en est inspiré.

Il y a donc vraiment une filiation entre cette école de spiritualité de la "Devotio moderna" issue des Pays-Bas et les maîtres spirituels espagnols de l'Age d'or de la spiritualité en Espagne.de cette école qui va durer au XVIe siècle.

b) Il y aura une dépréciation de la liturgie chez les auteurs spirituels dans les siècles qui vont suivre, parce qu'on se limite à l'expérience spirituelle individuelle et privée. C'est ce qui est le plus passé dans les moeurs et dans l'histoire de la spiritualité. Malheureusement!

c) L'évolution spirituelle du Moyen-Age, dont la Devotio Moderna est l'ultime fruit, aboutit à une source renouvelée de la responsabilité apostolique du chrétien. Pour la Devotio Moderna la contemplation n'apparaît pas comme une valeur séparée en soi de l'action. On retrouvera cette perception véhiculée avec insistance chez saint Ignace de Loyola, au XVIe siècle, et chez les réformateurs protestants aussi qui ont toujours eu de l'admiration pour la "Devotio moderna".,

3.2 L'érasmisme

Courant qui origine d'Erasme, 1466-1536, aux Pays-Bas (Hollande d'aujourd'hui). Laïque, écrivain, il est un des grands personnages de la Renaissance qui, à l'égal de Dante de Pic de la Mirandole, connaissait toutes les grandes littératures. Son oeuvre célèbre est "L'Eloge de la folie". Son intérêt pour les choses spirituelles ne fut pas moins grand que pour l'humanisme. Il a publié plusieurs écrits spirituels.

Erasme est d'une génération plus vieux que Thérèse. Il est traduit en espagnol et son ouvrage le plus connu est Le soldat chrétien ou Enchiridion Militis Cristiani, 1527. Dans cet ouvrage, il insiste sur les enseignements de saint Paul qu'il choisit comme code de vie spirituelle par excellence. Il met l'insistance sur le renouvellement et la conversion intérieure du chrétien. Thérèse d'Avila et Jean de la Croix furent influencés par lui.

Cette pensée-là, à Alcala en particulier, est bien en honneur. Il va être suivi par plusieurs auteurs qui s'appellent des "recueillis" ("recogidos" en espagnol), qui insistent sur la "voie du recueillement" ("recogimiento"). Ils sont liés à nos grands maîtres spirituels. Laredo, Osuna sont dans cette voie de l'abandon et du recueillement intérieur. Thérèse d'Avila et Jean de la Croix n'échappent pas à cette influence.),

Le danger de l'érasmisme c'est d'abord de mépriser les formes liturgiques de la piété, les gestes du culte de l'Eglise. Deuxièmement, c'est dans la ligne d'une indépendance totale par rapport à l'autorité de l'Eglise, des évêques. On est réticent face à tout ce qui vient du contrôle extérieur. On va s'en remettre très facilement à la direction intérieure du Saint Esprit.

L'érasmisme va inaugurer une réforme, une rénovation et un esprit intérieur qui vont donner des fruits abondants, mais qui auront aussi une influence nocive dans certains groupes, notamment des groupes d'"alumbrados" (illuminés).

3.3 L'Illuminisme ou l"Alumbradismo"

3.3.1 Le phénomène

C'est une question compliquée. Voir le Dictionnaire de spiritualité dans l'article "Espagne, Age d'or", colonnes 1159-1177 et la bibliographie. Mais on a évolué sur ce sujet avec les historiens modernes.

a) L'illuminisme désigne un ensemble de courants spirituels qui, dans certains cas ont dévié de l'orthodoxie. Jusqu'à il y a quelques années, on ne considérait que les seuls groupes qui étaient connus par les procès de l'Inquisition, donc les groupes non orthodoxes.

Les formules et les doctrines des alumbrados sont en étroite relation avec les mystiques espagnols du XVIe siècle telle Thérèse d'Avila. Ils vont traiter les mêmes c de la vie spirituelle et utiliser le même vocabulaire; par exemple, ils parleront de la nuit de l'esprit, de la suspension des puissances, de l'oraison de quiétude, de l'amour pur de Dieu, du rien ("nada"). Mais certains vont le faire avec plus d'agressivité, sans la modération et le discernement nécessaire.

Ce n'est pas un courant unique, ni une doctrine systématique. Donc, c'est ambigu. Il est un peu comme le revers de la floraison de la mystique et contient des exagérations. Cette tendance vers l'illuminisme va suivre et accompagner, en allant trop loin parfois, le courant spirituel des grands maîtres, durant tout le siècle.

Cependant, les ombres et les ratées sont quasi inévitables quand se vit un effervescence spirituelle aussi prononcée que dans l'Espagne du XVIe siècle. Jusqu'à maintenant, on considérait , en bloc, les groupes d'"alumbrados" comme hérétiques et on les identifiaient à ceux persécutés par l'Inquisition. Aujourd'hui, on a changé de vision et on saisit mieux qu'ils sont aussi le fruit d'une effervescence spirituelle et réformiste de l'époque.

On peut distinguer deux tendances principales au sein de courant :

-Les "recogidos" ou la voie du recueillement; ils vont rester très soucieux d'orthodoxie. Osuna et Laredo s'y rattachent. Ils feront toujours profession claire et nette de leur fidélité à l'Eglise.

-Les "dejados" ou les abandonnés: c'est de ce côté que viendront les exagérations surtout. Les hétérodoxes dévient de l'enseignement commun de l'Eglise à cette époque.

Ces groupes de "dejados" sont actifs surtout de 1510 à 1525. C'est la période d'initiative et de départ, et dans des régions de Tolède et de Castille. Ils vont mettre en action l'Inquisition vers 1520.

3.3.2 Eléments d'interprétation

Pendant cent cinquante ans de 1527 à 1687 les questions mystiques vont susciter flux et reflux jusqu'à la condamnation de Fénelon lors de son affrontement avec Bossuet sur le "pur amour". Au XVIe siècle, en Espagne, les groupes hétérodoxes sont très localisés géographiquement, surtout dans la région de Séville en Andalousie, à l'époque de Thérèse d'Avila. Ils ne sont pas dans toute l'Espagne.

Quatre points les différencient

a) Leurs idées vis-à-vis les oeuvres extérieures

Ce n'est pas ce qui sauve. Pour les recogidos, ce sont des moyens d'aller à Dieu. Pour les dejados, ou alumbrados, les oeuvres ne servent à rien. Il faut se livrer à la pure intériorité.

b) Le rôle de la prière vocale, de la liturgie

Pour les recogidos, c'est considéré comme quelque chose de bon, pas à combattre, mais la prière de recueillement intérieure est meilleure, ainsi que la méditation de la passion du Christ.

Pour les dejados ou alumbrados au sens strict ,la prière vocale, la liturgie et les formules proprement dites sont inutiles et même nocives. Elles empêchent l'abandon et sont donc à éviter et à combattre.

c) La relation à l'Eglise

Plus le chrétien est parfait, plus il pratique les lois de Dieu et de l'Eglise parce qu'il vit vraiment de l'amour de Dieu. Pour les dejados ou alumbrados, l'homme parfait est libre de toute loi, ce qui donne naissance à des excès même au plan moral comme le dévergondage et la liberté sexuelle.

d) Autonomie et liberté

Pour les recogidos, l'action de Dieu dans les hommes illumine et meut la liberté de l'homme, tandis que pour les dejados ou alumbrados, l'action de Dieu vient supprimer la liberté de l'homme et même la remplacer. Ce n'est plus eux qui décident. Alors que reste-t-il de la responsabilité?





Session sur les courants de spiritualité pour l'Internoviciat (région de Québec)



Hermann Giguère, professeur



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Mis sur le site le 22 janvier 2001

Dernière mise à jour 7 septembre 2008

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