[ pp. 190-209 ] [ pp. 210-229 ] [ pp. 230-249 ] [ pp. 250-269 ] [ pp. 270-289 ] [ pp. 290-309 ] [ pp. 310-329 ] [ pp. 330-352]
"Of the Varieties in the Human Species," Barr's Buffon, transcribed by Dr. Meijer, pp. 210-229.

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210 BUFFON’S

either from the climate, or the mixture of races. Chardin says, “the size of the little Tartars is commonly smaller than the Europeans by four inches, and they are thicker in the same proportion. Their complexion is of the colour of copper; their faces are flat, large and square; their noses compressed, and their eyes are little. Now these are exactly the features of the inhabitants of China; for I have found, after the most minute investigation, that there is the same conformation of face and body throughout the nations to the east and north of the Caspian Sea, and to the east of the peninsula of Malacca. From this circumstance I was inclined to believe that, however different they may appear either in their complexion or manners, they proceed from one stock, for difference of colour depends entirely upon the quality of the climate and the food; and difference in manners is determined by the nature of the soil, and by the greater or less degree of opulence.”
     Father Parennin, who lived long in China, and whose observations are so accurate and so minute, tells us, that the western neighbours of the Chinese, from Tibet northward to Chamo, differ from the Chinese in manners,

language,

390 HISTOIRE NATURELLE

plusieurs mines fort étranges pendant le repas, ils sont laborieux & très-habiles dans les arts & dans tous les métiers, ils ont, en un mot, à très-peu près le même naturel, les mêmes mœurs & les mêmes coûtumes que les Chinois.
     L’une des plus bizarres & qui est commune à ces deux nations, est de rendre les pieds des femmes si petits, qu’elles ne peuvent presque se soûtenir. Quelques voyageurs disent qu’à la Chine quand une fille a passé l’âge de trois ans, on lui casse le pied, en sorte que les doigts sont rabattus sous la plante, qu’on y applique une eau forte qui brûle les chairs, & qu’on l’enveloppe de plusieurs bandages jusqu’à ce qu’il ait pris son pli; ils ajoûtent que les femmes ressentent cette douleur pendant toute leur vie, qu’elles peuvent à peine marcher, & que rien n’est plus désagréable que leur démarche; que cependant elles souffrent cette incommodité avec joie, & que comme c’est un moyen de plaire, elles tâchent de se rendre le pied aussi petit qu’il leur est possible. D’autres voyageurs ne disent pas qu’on leur casse le pied dans leur enfance, mais seulement qu’on le serre avec tant de violence qu’on l’empêche de croître, & ils conviennent assez unanimement qu’une femme de condition, ou seulement une jolie femme à la Chine doit avoir le pied assez petit pour trouver trop aisée la pantoufle d’un enfant de six ans.
     Les Japonnois & les Chinois sont donc une seule & même race d’hommes qui se sont très-anciennement civilisez, & qui diffèrent des Tartares plus par les mœurs que par la figure; la bonté du terrein, la douceur du

climat,

NATURAL HISTORY. 211

language, physiognomy, and external conformation; that they are a people rude, ignorant, and slothful, charges that cannot be laid to the Chinese; and that when any of these Tartars go to Pekin, and the Chinese are asked the reason of this difference, they answer, that it proceeds from the water and the soil; in other words, that it is the nature of the country which produces this change upon the bodies and dispositions of the inhabitants. He adds, that this remark seems to be more applicable with respect to China than to any other country he ever saw; that following the emperor northward into Tartary, to the latitude of 48, he found Chinese from Nanquin who had settled there, whose children had become actual Mongous, being bow-legged, with their heads sunk into their shoulders, and a countenance which created disgust.
     So strongly do the Japanese resemble the Chinese, that we can hardly scruple to rank them in the same class. Living in a more southern climate they are more yellow or more brown. In general their stature is short, their face, as well as nose, broad and flat, their eyes small, their hair black, and their beard little more than perceptible. They are haughty,

fond

DE L’HOMME391

climat, le voisinage de la mer ont pû contribuer à rendre ces peuples policez, tandis que les Tartares éloignez de la mer & du commerce des autres nations, & séparez des autres peuples du côté du midi par de hautes montagnes, sont demeurez errans dans leurs vastes déserts sous un ciel dont la rigueur, sur-tout du côté du nord, ne peut être supportée que par des hommes durs & grossiers. Le pays d’Yeço qui est au nord du Japon, quoique situé sous un climat qui devroit être tempéré, est cependant très-froid, très-stérile & très-montueux, aussi les habitans de cette contrée sont-ils tout différens des Japonnois & des Chinois; ils sont grossiers, brutaux, sans mœurs, sans arts; ils ont le corps court & gros, les cheveux longs & hérissez, les yeux noirs, le front plat, le teint jaune, mais un peu moins que celui des Japonnois, ils sont fort velus sur le corps & même sur le visage, ils vivent comme des Sauvages, & se nourrissent de lard de baleine & d’huile de poisson; ils sont très-paresseux, très-mal-propres dans leurs vêtemens: les enfans vont presque nuds, les femmes n’ont trouvé pour se parer d’autre moyen que de se peindre de bleu les sourcils & les lèvres; les hommes n’ont d’autre plaisir que d’aller à la chasse des loups marins, des ours, des élans, des rennes, & à la pêche de la baleine; il y en a cependant qui ont quelques coûtumes Japonnoises, comme celle de chanter d’une voix tremblante, mais en général ils ressemblent plus aux Tartares septentrionaux ou aux Samoïedes qu’aux Japonnois.

Maintenant,

212 BUFFON’S

fond of war, full of dexterity and vigour, civil and obliging, smooth-tongued, and courteous, but fickle and vain. With astonishing patience they sustain hunger, thirst, cold, heat, fatigue, and all the other hardships of life. Their ceremonies, or rather grimaces, in eating, are numerous and uncouth. They are laborious skilful artificers, and, in a word, their dispositions, manners, and customs are the same as the Chinese.
     One singular custom which they have in common, is, so to contract the feet of the women, that they are hardly able to support themselves. Some travellers mention, that in China, when a girl has passed her third year, they bend the foot in such a manner that the toes are made to come under the sole; that they apply to it a strong water, which burns away the flesh; and then they wrap them up in a number of bandages. They add, that the women feel the pain of this operation all their lives; that they walk with great difficulty, and that their gait is to the last degree ungraceful. Other travellers say that they only compress the foot with so much violence as to prevent its growth; but they unanimously allow, that every woman of

condition,

392HISTOIRE NATURELLE

Maintenant, si l’on examine les peuples voisins de la Chine au midi & à l’occident, on trouvera que les Cochinchinois, qui habitent un pays montueux & plus méridional que la Chine, sont plus basanez & plus laids que les Chinois, & que les Tunquinois dont le pays est meilleur, & qui vivent sous un climat moins chaud que les Cochinchinois, sont mieux faits & moins laids. Selon Dampier, les Tunquinois sont en général de moyenne taille, ils ont le teint basané comme les Indiens, mais avec cela la peau si belle & si unie qu’on peut s’apercevoir du moindre changement qui arrive sur leur visage lorsqu’ils pâlissent ou qu’ils rougissent, ce qu’on ne peut pas reconnoître sur le visage des autres Indiens. Ils ont communément le visage plat & ovale, le nez & les lèvres assez bien proportionnées, les cheveux noirs, long & fort épais, ils se rendent les dents aussi noires qu’il leur est possible. Selon les relations qui sont à la suite des voyages de Tavernier, les Tunquinois sont de belle taille & d’une couleur un peu olivâtre, ils n’ont pas le nez & le visage si plats que les Chinois, & ils sont en général mieux faits.
      Ces peuples, comme l’on voit, ne diffèrent pas beaucoup des Chinois, ils ressemblent par la couleur à ceux des provinces méridionales, s’ils sont plus basanez, c’est parce qu’ils habitent sous un climat plus chaud, & quoiqu’ils aient le visage moins plat & le nez moins écrasé que les Chinois, on peut les regarder comme des peuples de même origine.
     Il en est de même des Siamois, des Péguans, des

habitans

NATURAL HISTORY. 213

condition, and even every handsome woman must have a foot small enough to enter with ease the slipper of a child of six years old.
     The Japanese, and the Chinese, we may therefore conclude, proceed from the same stock, that for their civilization we must recur to a very distant part of antiquity, and that they differ more from the Tartars in their manners than their figure. To this civilization, the excellence of the soil, the mildness of the climate, and their vicinity to the sea, have perhaps greatly contributed; while the Tartars, from their inland situation, and being separated from other nations by high mountains, have remained wanderers over their vast deserts, which are situated under a climate to the last degree inclement, especially towards the north. The country of Jesso, which is to the north of Japan, and of which, from its situation, the climate might be expected to be temperate, is however cold, barren, and mountainous, and its inhabitants are altogether different from those of China and Japan. They are ignorant and brutal, without manners, and without arts. Their bodies are short and thick; their hair long, their eyes black, their foreheads flat; and their complexions, though yellow, are rather less so than that of the Japanese. Over

their

DE L’HOMME393

habitans d’Aracan, de Laos, &c. Tous ces peuples ont les traits assez ressemblans à ceux des Chinois, & quoiqu’ils en diffèrent plus ou moins par la couleur, ils ne diffèrent cependant pas tant des Chinois que des autres Indiens. Selon la Loubere les Siamois sont plutôt petits que grands, ils ont le corps bien-fait, la figure de leur visage tient moins de l’ovale que du losange, il est large & élevé par le haut des joues, & tout d’un coup leur front se rétrécit & se termine autant en pointe que leur menton, ils ont les yeux petits & fendus obliquement, le blanc de l’œil jaunâtre, les joues creuses, parce qu’elles sont trop élevées par le haut, la bouche grande, les lèvres grosses, & les dents noircies, leur teint est grossier & d’un brun mêlé de rouge, d’autres voyageurs disent d’un gris cendré, à quoi le hâle continuel contribue autant que la naissance; ils ont le nez court & arrondi par le bout, les oreilles plus grandes que les nôtres, & plus elles sont grandes, plus ils les estiment. Ce goût pour les longues oreilles est commun à tous les peuples de l’Orient, mais les uns tirent leurs oreilles par le bas pour les alonger sans les percer qu’autant qu’il le faut pour y attacher des boucles; d’autres, comme au pays de Laos, en agrandissent le trou si prodigieusement, qu’on pourroit presque y passer le poing, en sorte que leurs oreilles descendent jusque sur les épaules; pour les Siamois ils ne les ont qu’un peu plus grandes que les nôtres, & c’est naturellement & sans artifice. Leurs cheveux sont gros, noirs & plats; les hommes & les femmes les portent si courts, qu’ils ne leur descendent qu’à la

hauteur

214 BUFFON’S

their bodies, and even the face, they have much hair; they live like savages, and their food consists of the oily parts of whales and other fishes. They are to the last degree indolent and slovenly; their children go almost naked; nor have their women devised any external ornament beyond that of painting their eye-brows and lips of a blue colour. The sole occupation and pleasure of the men are hunting and fishing; and though they have some customs similar to the Japanese, as that of quavering when they sing, yet in general they bear a much more striking resemblance to the northern Tartars, or to the Samoiedes, than to the Japanese.
     In examining nations adjacent to China, on the south and west, we find that the Cochin-Chinese, who inhabit a mountainous region to the southward of China, are more tawny and more ugly than the Chinese; and that the Tonquinese, whose country is more fertile, and whose climate is more mild, are in every respect proportionally more handsome.
     According to Dampier, the Tonquinese are of a middling height; and though their complexion is tawny, their skin is so delicate and smooth, that the smallest change is perceptible

in

394HISTOIRE NATURELLE

hauteur des oreilles tout autour de la tête. Ils mettent sur leurs lèvres une pomade parfumée qui fait paroître encore plus pâles qu’elles ne le seroient naturellement; ils ont peu de barbe, & ils arrachent le peu qu’ils en ont; ils ne coupent point leurs ongles, &c. Struys dit que les femmes Siamoises portent des pendans d’oreilles si massifs & si pesans, que les trous où ils sont attachez deviennent assez grands pour y passer le pouce; il ajoûte que le teint des hommes & des femmes est basané, que leur taille n’est pas avantageuse, mais qu’elle est bien prise & dégagée, & qu’en général les Siamois sont doux & polis. Selon le Père Tachard les Siamois sont très-dispos, ils ont parmi eux d’habiles sauteurs & des faiseurs de tours d’équilibre aussi agiles que ceux d’Europe; il dit que la coûtume de se noircir les dents vient de l’idée qu’ont les Siamois, qu’il ne convient point à des hommes d’avoir les dents blanches comme les animaux, que c’est pour cela qu’ils se les noircissent avec une espèce de vernis qu’il faut renouveller de temps en temps, & que quand ils appliquent ce vernis ils sont obligez de se passer de manger pendant quelques jours, afin de donner le temps à cette drogue de s’attacher.
     Les habitans des royaumes de Pégu, d’Aracan, ressemblent assez aux Siamois, & ne diffèrent pas beaucoup des Chinois par la forme du corps ni par la physionomie, ils sont seulement plus noirs*; ceux d’Aracan estiment

* Vide primam partem Indiæ Orientalis per Pigafettam. Francofurti. 1598, p. 46.

un

NATURAL HISTORY. 215

in their countenance, when they happen either to grow pale, or to redden; a circumstance in which they differ from all other Indians. In common their visage is flat and oval; their nose and lips are thick; and they use every art, in order to render their teeth as black as possible.
     These nations, therefore, differ but little from the Chinese. They resemble the natives of the southern provinces in colour; if they are more tawny, it is because they live in a warmer climate; and though their faces are less flat, and their noses less contracted, we yet cannot help considering them as a people of the same origin.
     Thus it is also with the natives of Siam, of Pegu, of Aracan, of Laos, &c. Of all these the features have a considerable resemblance to those of the Chinese; and though they differ from them in colour, yet their affinity to the Chinese is greater than to the other Indians. The size of the Siamese, says Loubčre, is rather small, their bodies are well proportioned, their faces are large, and their cheek-bones prominent, their forehead is suddenly contracted, and terminates in a point like the chin; their eyes are small and oblique; the white of the

eye

DE L’HOMME395

un front large & plat, & pour le rendre tel, ils appliquent une plaque de plomb sur le front des enfans qui viennent de naître. Ils ont les narines larges & ouvertes, les yeux petits & vifs, & les oreilles si alongées qu’elles leur pendent jusque sur les épaules; ils mangent sans dégoût des souris, des rats, des serpens & du poisson corrompua. Les femmes y sont passablement blanches, & portent les oreilles aussi alongées que celles des hommesb. Les peuples d’Achen qui sont encore plus au nord que ceux d’Aracan, ont aussi le visage plat & la couleur olivâtre; ils sont grossiers, & laissent aller leurs enfans tout nuds, les filles ont seulement une plaque d’argent sur leurs parties naturelles. Voyez le Recueil des voyages de la Compagnie Holl. Tome IV, page 63. & le voyage de Mandelslo, Tome II, page 328.
     Tous ces peuples, comme l’on voit, ne diffèrent pas beaucoup des Chinois, & tiennent encore des Tartares les petits yeux, le visage plat, la couleur olivâtre; mais en descendant vers le midi, les traits commencent à changer d’une manière plus sensible, ou du moins à se diversifier. Les habitans de la presqu’isle de Malaca & de l’isle de Sumatra sont noirs, petits, vifs & bien proportionnez dans leur petite taille; ils ont même l’air fier, quoiqu’ils soient nuds de la centure en haut, à l’exception d’une petite écharpe qu’ils portent, tantôt sur l’une & tantôt sur

a Voyez les voyages de Jean Ovington. Paris, 1725. T. II, p. 274.
b V. le Recueil des voyages de la Comp. Holl. Amst. 1702. T. VI, p. 251.

l’autre

216 BUFFON’S

eye is somewhat yellow; their cheeks are hollow, from the elevation of the cheek-bones; their mouths are large, their lips thick, their teeth black, their complexion is coarse, and of a brown colour mixed with red, or, according to some travellers, of an ash colour, to which the continual sultriness of the air contributes as much as the birth; their nose is short and rounded at the point; their ears are large, and the bigger they are the more they are held in estimation.
     This taste for long ears is highly prevalent in the east; in different places different arts are used to render them so, and in some they draw them down almost to the shoulders. As for the Siamese, however, their ears are naturally larger than ours; their hair is thick, black, and straight; and both sexes wear it so short, that it does not descend lower than the ear. They anoint their lips with a kind of perfumed pomatum, which makes them appear very pale; they have little beard, and that they pluck out by the roots; nor is it customary with them to pare their nails.
     Struys says, that the Siamese women wear pendants in their ears of such mass and weight, that the holes become so large the thumb may

be

396HISTOIRE NATURELLE

l’autre épaulea. Ils sont naturellement braves, & même redoutables lorsqu’ils ont pris de l’opium dont ils font souvent usage, & qui leur cause une espèce d’ivresse furieuseb. Selon Dampier, les habitans de Sumatra & ceux de Malaca sont de la même race, ils parlent à peu près la même langue; ils ont tous l’humeur fière & hautaine, ils ont la taille médiocre, le visage long, les yeux noirs, le nez d’une grandeur médiocre, les lèvres minces & les dents noircies par le fréquent usage du bételc. Dans l’isle de Pugniatan ou Pissagan à 16 lieues en-deçà de Sumatra, les naturels sont de grande taille & d’un teint jaune, comme celui des Bresiliens; ils portent de longs cheveux fort lisses, & vont absolument nudsd. Ceux des isles Nicobar au nord de Sumatra sont d’une couleur basanée & jaunâtre, & ils vont aussi presque nudse. Dampier dit que les naturels de ces isles Nicobar sont grands & bien proportionnez, qu’ils ont le visage assez longs, les cheveux noirs & lisses, & le nez d’une grandeur médiocre; que les femmes n’ont point de sourcils, qu’apparemment elles se les arrachent, &c. Les habitans de l’isle de Sombreo au nord de Nicobar sont fort noirs, & ils se bigarrent le visage de diverses couleurs, comme

a Voyez les voyages de Gherardini. Paris, 1700. page 46 & suiv.
b Voy. les Lettres édifiantes, Recueil II, page 60.
c Voy. les voyages de Guill. Dampier. Rouen, 1715. Tome III, page 156.
d Voy. le Recueil de la Comp. de Holl. Amst. 1702. T. I, p. 281.
e Voy. les Lettres édifiantes, Recueil II, p. 172.

de

NATURAL HISTORY. 217

be put through them. He adds, that the complexion of both sexes is tawny; that though not tall, they are shapely; and that the Siamese are in general a mild and a civilized people.
     According to Father Tachard, the Siamese are exceedingly alert, and have among them tumblers, &c. not less expert and skilful than those in Europe. He says, that the custom they have of blackening the teeth, proceeds from an idea that it is not becoming in man to have teeth white, like the brute creation; that it is for this reason they begrime them with black varnish, and then abstain from meat for several days, that it may thoroughly adhere.
     The inhabitants of the kingdom of Pegu and Aracan are more black, yet bear a strong resemblance both to the Siamese and the Chinese. Those of Aracan put great value upon a forehead large and flat, and to render them so; they apply a plate of lead to the forehead of their children the minute they are born. Their nostrils are large, their eyes are small and lively, and their ears are of such length as to hang over their shoulders. They feed without disgust on mice, rats, serpents,

and

DE L’HOMME397

de verd, de jaune, &c. Voyez l’Histoire générale des voyages. Paris, 1746. Tome I. p. 387. Ces peuples de Malaca, de Sumatra & des petites isles voisines, quoique différens entre eux, le sont encore plus des Chinois, des Tartares, &c. & semblent être issus d’une autre race; cependant les habitans de Java qui sont voisins de Sumatra & de Malaca, ne leur ressemblent point & sont assez semblables aux Chinois, à la couleur près, qui est, comme celle des Malais, rouge, mêlée de noir; ils sont assez semblables, dit Pigafettaa, aux habitans du Bresil, ils sont d’une forte complexion & d’une taille carrée, ils ne sont ni trop grands ni trop petits, mais bien musclez; ils ont le visage plat, les joues pendantes & gonflées, les sourcils gros & inclinez, les yeux petits, la barbe noire, ils en ont fort peu & fort peu de cheveux, qui sont très-courts & très-noirs. Le P. Tachard dit que ces peuples de Java sont bien-faits & robustes, qu’ils paroissent vifs & résolus, & que l’extrême chaleur du climat les oblige à aller presque nudsb. Dans les lettres édifiantes on trouve que ces habitans de Java ne sont ni noirs ni blancs, mais d’un rouge pourpré, & qu’ils sont doux, familiers & caressansc. François Legat rapporte que les femmes de Java qui ne sont pas exposées comme les hommes aux grandes ardeurs du soleil, sont moins basanées qu’eux, & qu’elles ont le visage beau, le sein élevé & bien-fait, le teint uni & beau, quoique brun, la

a Vid. Indiæ Orientalis part. primam, p. 51.
b Voy. le premier voyage du P. Tachard. Paris, 1686. p. 134.
c Voy. les Lettres édifiantes, Rec. XVI, page 13.

main

218 BUFFON’S

and fish, however corrupted. Their women are tolerably fair, and their ears are as long as those of the men. The people of Achen, who are situated further north than those of Aracan, have also flat visages, and an olive-coloured skin; they allow their boys to go quite naked, and their girls have only a slight plate of silver to conceal what Nature dictates.
     None of these nations differ much from the Chinese, and all resemble the Tartars in the smallness of their eyes, the largeness of their visage, and the olive colour of their skin. In proceeding southward the features begin to change more sensibly. The inhabitants of Malacca, and of the island of Sumatra, are black, diminutive, lively, and well proportioned. Though naked from the middle upward, a little kind of scarf excepted, which they wear sometimes over the right and sometimes over the left shoulder, their aspect is fierce. They are naturally brave, and even formidable when they have swallowed a certain quantity of opium, which intoxicates them with a kind of fury.
     According to Dampier, the inhabitants of Sumatra and Malacca are of the same race; they speak nearly the same language, and they

have

398HISTOIRE NATURELLE

main belle, l’air doux, les yeux vifs, le rire agréable, & qu’il y en a qui dansent fort jolimenta. La plus grande partie des voyageurs Hollandois s’accordent à dire que les habitans naturels de cette isle, dont ils sont actuellement les possesseurs & les maîtres, sont robustes, bien-faits, nerveux & bien musclez; qu’ils ont le visage plat, les joues larges & élevées, de grandes paupières, de petits yeux, les mâchoires grandes, les cheveux longs, le teint basané, & qu’ils n’ont que peu de barbe, qu’ils portent les cheveux & les ongles fort longs, & qu’ils se sont limer les dentsb. Dans une petite isle qui est en face de celle de Java les femmes ont le teint basané, les yeux petits, la bouche grande, le nez écrasé, les cheveux noirs & longsc. Par toutes ces relations on peut juger que les habitans de Java ressemblent beaucoup aux Tartares & aux Chinois, tandis que les Malais & les peuples de Sumatra & des petites isles voisines en diffèrent & par les traits & par la forme du corps, ce qui a pû arriver très-naturellement, car la presqu’isle de Malaca & les isles de Sumatra & de Java, aussi-bien que toutes les autres isles de l’Archipel Indien, doivent avoir été peuplées par les nations des continens voisins, & même par les Européens qui s’y sont habituez depuis plus de deux cens cinquante ans, ce qui fait qu’on doit y trouver une très-grande variété dans les

a Voy. les voyages de François Legat. Amst. 1708. T. II, p. 130.
b V. le Recueil des voyages de la Comp. de Hollande. Amst. 1702. Tome I, p. 392. Voy. aussi les voyages de Mandelslo, Tome II, p. 344.
c V. les voyages de le Gentil. Paris, 1725. Tome III, p. 92.

hommes,

NATURAL HISTORY. 219

have the same bold and haughty disposition. They are of a middling stature, their visage long, their eyes black, their noses of a moderate size, their lips thin, and their teeth are blackened.
     In the island of Pugniatan, or Pissagan, within 16 leagues of Sumatra, the natives are tall, and of a yellow complexion, like the Brazilians; their hair is long, and they go completely naked. Those of the Nicobar islands, which lie northward of Sumatra, are of a tawny or yellowish colour, and they also go naked. In speaking of these last islanders, Dampier says, that they are tall and well proportioned; that their visage is long, their hair black and straight, and their noses of a moderate size; that the women have no eye-brows, which it is probable they do not suffer to grow. In Sombreo, an island north of the Nicobar islands, the inhabitants are very black, and they paint their faces with green, yellow, and other colours.
     These natives of Malacca, of Sumatra, and of the little adjacent islands, though different from each other, are much more so from the Chinese and the Tartars, and seem to have sprung from another race. The inhabitants of

Java,

DE L’HOMME399

hommes, soit pour les traits du visage & la couleur de la peau, soit pour la forme du corps & la proportion des membres; par exemple, il y a dans cette isle de Java une nation qu’on appelle Chacrelas, qui est toute différente, non seulement des autres habitans de cette isle, mais même de tous les autres Indiens. Ces Chacrelas sont blancs & blonds, ils ont les yeux foibles, & ne peuvent supporter le grand jour; au contraire ils voient bien la nuit, le jour ils marchent les yeux baissez & presque fermeza. Tous les habitans des isles Moluques sont, selon François Pyrard, semblables à ceux de Sumatra & de Java pour les mœurs, la façon de vivre, les armes, les habits, le langage, la couleur, &c.b Selon Mandelslo, les hommes des Moluques sont plûtôt noirs que basanez, & les femmes le sont moins; ils ont tous les cheveux noirs & lisses, les yeux gros, les sourcils & les paupières larges, le corps fort & robuste; ils sont adroits & agiles, ils vivent long-temps, quoique leurs cheveux deviennent blancs de bonne heure. Ce voyageur dit aussi que chaque isle a son langage particulier, & qu’on doit croire qu’elles ont été peuplées par différentes nationsc. Selon lui les habitans de Borneo & de Baly ont le teint plûtôt noir que basanéd, mais selon les autres voyageurs ils sont seulement

a Voyez les voyages de Françcois Legat. Amsterd. 1708. Tome II, page 137.
b V. les voyages de François Pyrard. Paris, 1619. Tome II, p. 178.
c V. les voyages de Mandelslo, Tome II, page 378.
d V. ibid. Tome II. p. 363 & 366.

bruns

220 BUFFON’S

Java, nevertheless, have not the smallest resemblance to those of Sumatra and Malacca, while to the Chinese (the colour alone excepted, which, like the Malaccas, is red mixed with black) they seem to be intimately related. Pigafetta describes them as a people not unlike the Brazilians. Their complexion, says he, is coarse, and their bodies are square and muscular, though in size they are neither very tall nor very short; their visage is flat, their cheeks flabby, their eyes small, their eye-brows inclined to the temples, and their beards thin and short. Father Tachard says, that the people of Java are well made and robust; that they are lively and resolute; and that the extreme heat of the climate obliges them to go almost naked. From other descriptions it appears, that the inhabitants of Java are neither black nor white, but of a purplish red, and that they are mild, familiar and courteous.
     Legat informs us, that the women of Java, who are not exposed to the rays of the sun, are less tawny than the men, that their countenance is comely, their breasts prominent and shapely, their complexions beautiful, though brown; their hands delicate, their air soft, their eyes brilliant, their smile agreeable, and

that

400HISTOIRE NATURELLE

bruns comme les autres Indiensa. Gemelli Carreri dit que les habitans de Ternate sont de la même couleur que les Malais, c’est-à-dire, un peu plus bruns que ceux des Philippines; que leur physionomie est belle, que les hommes sont mieux faits que les femmes, & que les uns & les autres ont grand soin de leurs cheveuxb. Les voyageurs Hollandois rapportent que les naturels de l’isle de Banda vivent fort long-temps, & qu’ils y ont vû un homme âgé de 130 ans, & plusieurs autres qui approachoient de cet âge; qu’en général ces insulaires sont fort fainéans, que les hommes ne font que se promenener, & que ce sont les femmes qui travaillentc. Selon Dampier les naturels originaires de l’isle de Timor, qui est l’une des plus voisines de la Nouvelle Hollande, ont la taille médiocre, le corps droit, les membres déliez, le visage long, les cheveux noirs & pointus, & la peau fort noire; ils sont adroits & agiles, mais paresseux au suprême degréd. Il dit cependant que dans la même isle les habitans de la baie de Laphao sont pour la plûpart basanez, & de couleur de cuivre jaune, & qu’ils ont les cheveux noirs & tout platse.
     Si l’on remonte vers le Nord, on trouve Manille & les autres isles Philippines, dont le peuple est peut-être;

a Voyez le Recueil des voyages de la Comp. de Holl. Tome II, p. 120.
b V. les voyages de Gemelli Carreri, Tome V, page 224.
c V. le Recueil des voyages de la Comp. de Holl. Tome I, p. 566.
d V. les voyages de Dampier. Rouen, 1715. Tome V, p. 631.
e V. ibid. Tome I, page 52.

le

NATURAL HISTORY. 221

that numbers of them dance with elegance and spirit.
     Of the Dutch travellers, the generality allow, that the natives of this island are robust, well proportioned, nervous, and full of muscular vigour; that their visage is flat, their cheek-bones broad and prominent, their eye-lids large, their eyes small, their hair long, and their complexion tawny; that they have little beard; that they wear their hair and their nails very long; and that in order to beautify their teeth, they polish them with files. In a little island fronting that of Java, the women are tawny, their eyes small, their mouths large, their noses flat, and their hair long and black.
     From all these accounts we may infer, that the inhabitants of Java greatly resemble the Tartars and Chinese; while those of Malacca, Sumatra, and of the neighbouring little islands differ from them equally in the features of the face, and in the form of the body. This may have very naturally happened; for the peninsula of Malacca, the islands of Sumatra and Java, as well as all the other islands of the Indian Archipelago, must have been peopled by the nations of the neighbouring continents, and even by the Europeans, who have had

settlements

DE L’HOMME401

le plus mêlé de l’Univers, par les alliances qu’ont fait ensemble les Espagnols, les Indiens, les Chinois, les Malabares, les Noirs, &c. Ces Noirs qui vivent dans les rochers & les bois de cette isle, diffèrent entiérement des autres habitans; quelques-uns ont les cheveux crépus, comme les Nègres d’Angola, les autres les ont longs; la couleur de leur visage est comme celle des autres Nègres, quelques-uns sont un peu moins noirs; on en a vû plusieurs parmi eux qui avoient des queues longues de quatre ou cinq pouces, comme les insulaires dont parle Ptolomée. Voyez les voyages de Gemelli Carreri. Paris, 1719. Tome V, page 68. Ce voyageur ajoûte que des Jésuites très-dignes de foi, lui ont assuré que dans l’isle de Mindoro voisine de Manille il y a une race d’hommes appellez Manghiens, qui tous ont des queues de quatre ou cinq pouces de longueur, & même que quelques-uns de ces hommes à queue avoient embrassé la foi catholique. Voyez id. Tome V, page 92 & que ces Manghiens ont le visage de couleur olivâtre & les cheveux longs. Voyez id. Tome V, p. 298. Dampier dit que les habitans de l’isle de Mindano, qui est une des principales & des plus méridionales des Philippines, sont de taille médiocre, qu’ils ont les membres petits, le corps droit & la tête menue, le visage ovales, le front plat, les yeux noirs & peu fendus, le nez court, la bouche assez grande, les lèvres petites & rouges, les dents noires & fort saines, les cheveux noirs & lisses, le teint tanné, mais tirant plus sur le jaune-clair que celui de certains autres Indiens; que les femmes ont le teint

plus

222 BUFFON’S

settlements there for these three hundred years. This must have occasioned a very great variety in the inhabitants both in the features and colour, and in the form of the body and proportion of the limbs. In the island of Java, for example, there is a people called the Chacrelas, who are altogether different, not only from the natives of the island, but even from all the other Indians. The Chacrelas are white and fair, and their eyes are so weak that, incapable of supporting the light of the sun, they go about with them lowered and almost closed till night, when their vision becomes more strong.
     According to Pyrard, all the inhabitants of the Malacca islands are similar to those of Sumatra and Java in manners, mode of living, habits, language, and colour. According to Maldeslo, the men are rather black than tawny, and the women are more fair. They have all, he says, black hair, large eyes, eye-brows and eye-lids, and bodies vigorous and robust. They are also nimble and active; and though their hair very soon becomes grey, they yet live to a great age. Each island, he further remarks, has its particular language; nor can it be doubted but that they have been peopled by

different

402HISTOIRE NATURELLE

plus clair que les hommes; qu’elles sont aussi mieux faites, qu’elles ont le visage plus long, & que leurs traits sont assez réguliers, si ce n’est que leur nez est fort court & tout-à-fait plat entre les yeux; qu’elles ont les membres très-petits, les cheveux noirs & longs; & que les hommes en général sont spirituels & agiles, mais fainéans & larrons. On trouve dans les lettres édifiantes que les habitans des Philippines ressemblent aux Malais, qui ont autrefois conquis ces isles; qu’ils ont, comme eux, le nez petit, les yeux grands, la couleur olivâtre-jaune, & que leurs coûtumes & leurs langues sont à peu près les mêmes*.
     Au nord de Manille on trouve l’isle Formose qui n’est pas éloignée de la côte de la province de Fokien à la Chine; ces insulaires ne ressemblent cependant pas aux Chinois. Selon Struys les hommes y sont de petite taille, particulièrement ceux qui habitent les montagnes, la plûpart ont le visage large, les femmes ont les mamelles grosses & pleines, & de la barbe comme les hommes; elles ont les oreilles fort longues, & elles en augmentent encore la longueur par certaines grosses coquilles qui leur servent de pendans; elles ont les cheveux fort noirs & fort longs, le teint jaune-noir, il y en a aussi de jaunes-blanches & de tout-à-fait jaunes; ces peuples sont fort fainéans, leurs armes sont le javelot & l’arc dont ils tirent très-bien, ils sont aussi excellens nageurs, & ils courent avec une vitesse incroyable. C’est dans cette isle où Struys dit avoir vû de ses propres yeux un homme qui avoit une queue longue

* Voyez les lettres édifiantes. Recueil II. p. 140.

de

NATURAL HISTORY. 223

different nations. The inhabitants of Borneo and of Baly, he adds, are rather black than tawny; but according to other travellers, they are only brown like the other Indians. Carreri says, that the inhabitants of Ternate are of the same colour as those of Malacca, which is a little darker than those of Philippine islands; that their countenances are comely; that the men are more shapely than the women, and that both bestow particular care upon their hair.
     The Dutch travellers tell us, that the natives of the Island of Banda are remarkable for longevity; that they have seen one man at the age of 130, and numbers on the verge of that period; that in general they are indolent and inactive; and that while the men amuse themselves in sauntering abroad, the women are subjected to all the offices of labour at home. Dampier observes, that the original natives of the island of Timor, which is one of those most adjacent to New Holland, are a middling size, and of an erect form; that their limbs are slender, their visages long, their hair black and bristly, and their skin exceedingly black; that they are alert and dexterous, but superlatively indolent and slothful. He adds, however, that the inhabitants of the Bay of

Laphao

DE L’HOMME403

de plus d’un pied, toute couverte d’un poil roux, & fort semblable à celle d’un bœuf; cet homme à queue assuroit que ce défaut, si c’en étoit un, venoit du climat, & que tous ceux de la partie méridionale de cette isle avoient des queues comme lui*. Je ne sais si ce que dit Struys des habitans de cette isle, mérite une entière confiance, & surtout si le dernier fait est vrai, il me paroît au moins exagéré & différent de ce qu’ont dit les autres voyageurs au sujet de ces hommes à queue, & même de ce qu’en ont dit Ptolomée, que j’ai cité ci-dessus, & Marc Paul dans sa description géographique imprimée à Paris en 1556, où il rapporte que dans le royaume de Lambry il y a des hommes qui ont des queues de la longueur de la main, qui vivent dans les montagnes. Il paroît que Struys s’appuie de l’autorité de Marc Paul, comme Gemelli Carreri de celle de Ptolomée, & la queue qu’il dit avoir vûe, est fort différente pour les dimensions de celles que les autres voyageurs donnent aux Noirs de Manille, aux habitans de Lambry, &c. L’éditeur des mémoires de Plasmanasar sur l’isles de Formose, ne parle point de ces hommes extraordinaires & si différens des autres; il dit même que, quoiqu’il fasse fort chaud dans cette isle, les femmes y sont fort belles & fort blanches, sur-tout celles qui ne sont pas obligées de s’exposer aux ardeurs du soleil; qu’elles ont un grand soin de se laver avec certaines eaux préparées pour se conserver le teint; qu’elles ont le même soin de leurs dents, qu’elles tiennent blanches autant qu’elles le

* Voyez les voyages de Jean Struys. Rouen, 1719. Tome I, p. 100.

peuvent,

224 BUFFON’S

Laphao are, for the most part, tawny or copper-coloured.
     In turning northward we find Manilla, and the other Philippine islands, of which the inhabitants are perhaps more intermixed than those of any other region in the universe, by the alliances they have formed with the Spaniards, the Indians, the Chinese, the Malabars, the blacks, &c. The negroes, who live in the rocks and woods of Manilla, differ entirely from the other inhabitants; of some the hair is short and frizly, like the negroes of Angola, and of others it is long. Their colour consists of various shades of black. According to Gemelli Carreri, there are some among them who, like the islanders mentioned by Ptolemy, have tails of the length of four or five inches. This traveller adds, that he has been assured, by Jesuits of undoubted testimony, that in the island of Mindoro, which is not far from Manilla, there is a race of men called Manghians, who have all tails of that length, and that some of these men had even embraced the Catholic faith; that they are of an olive colour, and have long hair.
     Dampier says, that the inhabitants of the island of Mindanao, which is one of the

principal

404HISTOIRE NATURELLE

peuvent, au lieu que les Chinois & les Japonnois les ont noires par l’usage du bétel; que les hommes ne sont pas de grande taille, mais qu’ils ont eu grosseur ce qui leur manque en grandeur; qu’ils sont communément vigoureux, infatigables, bons soldats, fort adroits, &c.* Les voyageurs Hollandois ne s’accordent point avec ceux que je viens de citer, au sujet des habitans de Formose: Mandelslo, aussi-bien que ceux dont les relations ont été publiées dans le recueil des voyages qui ont servi à l’établissement de la Compagnie des Indes de Hollandes, disent que ces insulaires sont fort grands & beaucoup plus hauts de taille que les Européens; que la couleur de leur peau est entre le blanc & le noir, ou d’un brun tirant sur le noir; qu’ils ont le corps velu; que les femmes y sont de petite taille, mais qu’elles sont robustes, grasses & assez bien-faites. La plûpart des écrivains qui ont parlé de l’isle Formose, n’ont donc fait aucune mention de ces hommes à queue, & ils diffèrent beaucoup entre eux dans la description qu’ils donnent de la forme & des traits de ces insulaires, mais ils semblent s’accorder sur un fait qui n’est peut-être pas moins extraordinaire que le premier, c’est que dans cette isle il n’est pas permis aux femmes d’accoucher avant trente-cinq ans, quoiqu’il leur soit libre de se marier long-temps avant cet âge. Rechteren parle de cette

* Voyez la description de l’isle Formose, dressée sur les mémoires de George Plasmanasar, par le sieur N.F.D.B.R. Amst. 1705. p. 103 & suiv.

coûtume

NATURAL HISTORY. 225

principal and most southerly of the Philippines, are of a middling height, that their limbs are small, their bodies erect, their heads small, their visages oval, their foreheads flat, their eyes black and small, their noses short, their mouths moderate, their lips thin and red, their teeth black, their hair black and smooth, and their skin tawny, but of a brighter yellow than many of the other Indians; that in point of complexion the women have the advantage of the men; that they are also more shapely, and have features tolerably regular; that the men are in general ingenious and alert, but slothful, and addicted to thievery.
     Northward of Manilla is the island of Formosa, situated at no great distance from the coast of Fokien, in China, but the natives bear no resemblance to the Chinese. According to Struys, the Formosans are of small stature, particularly those who inhabit the mountains, and that they have broad faces. The women have large coarse breasts, and a beard like the men; their ears, naturally long, they render still more so by thick shells, which they wear as pendants; their hair is black and long, and their complexions are of different degrees of yellow. Though averse to labour,

they

DE L’HOMME405

coûtume dans les termes suivans: «D’abord que les femmes sont mariées, elles ne mettent point d’enfans au monde, il faut au moins pour cela qu’elles aient 35 ou 37 ans; quand elles sont grosses, leurs prêtresses vont leur fouler le ventre avec les pieds s’il le faut, & les font avorter avec autant ou plus de douleur qu’elles n’en souffriroient en accouchant, ce seroit non seulement une honte, mais même un gros péché de laisser venir un enfant avant l’âge prescrit. J’en ai vû qui avoient déjà fait quinze ou seize fois périr leur fruit, & qui étoient grosses pour la dix-septième fois, lorsqu’il leur étoit permis de mettre un enfant au monde*.»
     Les isles Marianes ou des Larrons, qui sont, comme l’on sait, les isles les plus éloignées du côté de l’Orient, &, pour ainsi dire, les dernières terres de notre hémisphère, sont peuplées d’hommes très-grossiers. Le P. Gobien dit qu’avant l’arrivée des Européens ils n’avoient jamais vû de feu, que cet élément si nécessaire leur étoit entiérement inconnu, qu’ils ne furent jamais si surpris que quand ils en virent pour la première fois, lorsque Magellan descendit dans l’une de leurs isles; ils ont le teint basané, mais cependant moins brun & plus clair que celui des habitans des Philippines; ils sont plus forts & plus robustes que les Européens; quoiqu’ils ne se nourrissent que de racines, de fruits & de poisson, ils ont tant d’embonpoint qu’ils en

* Voyez les voyages de Rechteren dans le recueil des voyages de la Comp. Holl. Tome V, page 96.

paroissent

226 BUFFON’S

they are yet admirably skilled in the use of the javelin and bow; they are excellent swimmers, and run with incredible swiftness. Struys declares, that in this island he actually saw a man with a tail above a foot long, covered with reddish hair, not unlike that of an ox, and that this man assured him, if it was a blemish to have a tail, it proceeded from the climate, for all the natives of the southern part of the island had tails like himself.
     I know not what credit we ought to give to this relation of Struys, for if the fact be true, it must at least be exaggerated; it differs from what other travellers have said with respect to these men with tails, and even from the account of Ptolemy, and from that of Mark Paul,3 the latter of whom, in his geographical description, says, that in the kingdom of Lambry there are mountaineers who have tails of the length of the hand. Struys seems to rest upon the authority of Mark Paul, as Gemelli Carreri does upon that of Ptolemy, though the tail he mentions to have seen is widely different in its dimensions from those of the blacks of Manilla, the inhabitants of Lambry, and other places, as described by other writers.

The

3 Marco Polo [Meijer]
406HISTOIRE NATURELLE

paroissent enflez, mais cet embonpoint ne les empêche pas d’être souples & agiles. Ils vivent long-temps, & ce n’est pas une chose extraordinaire que de voir chez eux des personnes âgées de cent ans, & cela sans avoir jamais été maladesa. Gemelli Carreri dit que les habitans de ces isles sont tous d’une figure gigantesque, d’une grosse corpulance & d’une grande force, qu’ils peuvent aisément lever sur leurs épaules un poids de cinq cens livresb. Ils ont pour la plûpart les cheveux crépusc, le nez gros, de grands yeux & la couleur du visage comme les Indiens. Les habitans de Guan, l’une de ces isles, ont les cheveux noirs & longs, les yeux ni trop gros ni trop petits, le nez grand, les lèvres grosses, les dents assez blanches, le visage long, l’air féroce, ils sont très-robustes & d’une taille fort avantageuse, on dit même qu’ils ont jusqu’à sept pieds de hauteurd.
     Au midi des isles Marianes & à l’orient des isles Moluques on trouve la terre des Papous & la nouvelle Guinée, qui paroissent être les parties les plus méridionales des terres australes. Selon Argensola ces Papous sont noirs comme les Caffres, ils ont les cheveux crépus, le visage maigre & fort désagréable, & parmi ce peuple si noir on trouve quelques gens qui sont aussi blancs & aussi blonds que les Allemands; ces blancs ont les yeux très-foibles &

a Voyez l’hist. des Isles Marianes, par le P. Charles le Gobien. 1700.
b Voy. les voyages de Gemelli Carreri. Tome V, page 298.
c Voy. les lettres édifiantes. Recueil XVIII, page 198.
d Voy. les voyages de Dampier. Tome I, page 378. Voyez aussi le voyage autour du monde de Cowley.

très-délicats

NATURAL HISTORY. 227

     The editor of the description of the island of Formosa, from the memoirs of Psalmanazar, makes no mention of a people so very extraordinary; but says, that though the climate is exceedingly hot, the women, those especially who are not exposed to the rays of the sun, are exceedingly fair and beautiful; that with certain lotions they take particular care to preserve their complexion; that they are equally attentive to the beauty of their teeth, and instead of rendering them black, like the Japanese and Chinese, they use every effort to keep them white; that the men are not tall, but thick and strong; that they are commonly vigorous, indefatigable, skilful in war, and dexterous in manual exercises.
     In their accounts of the natives of Formosa, the Dutch travellers differ from all those we have yet mentioned. Mandelslo, as well as the writers of the collection of voyages, which paved the way for the establishment of the Dutch East-India Company, informs us that these islanders are taller than the Europeans; that the colour of their skin is of a dark brown; that their bodies are hairy; and that the women are low in stature, but robust, fat, and tolerably well proportioned.

In

DE L’HOMME407

très-délicatsa. On trouve dans la relation de la navigation australe de le Maire une description des habitans de cette contrée, dont je vais rapporter les principaux traits. Selon ce voyageur ces peuples sont fort noirs, sauvages & brutaux, ils portent des anneaux aux deux oreilles, aux deux narines, & quelquefois aussi à la cloison du nez, & des bracelets de nacre de perle au-dessus des coudes & aux poignets, & ils se couvrent la tête d’un bonnet d’ecorce d’arbre peintre de différentes couleurs; ils sont puissans & bien proportionnez dans leur taille, ils ont les dents noires, assez de barbe, & les cheveux noirs, courts & crépus, qui n’approchent cependant pas autant de la laine que ceux des Nègres, ils sont agiles à la course, ils se servent de massues & de lances, de sabres & d’autres armes faites de bois dur, l’usage du fer leur étant inconnu; ils se servent aussi de leurs dents comme d’armes offensives, & mordent comme les chiens. Ils mangent du bétel & du piment mêlé avec de la chaux, qui leur sert aussi à poudrer leur barbe & leurs cheveux. Les femmes sont affreuses, elles ont de longues mamelles qui leur tombent sur le nombril, le ventre extrêmement gros, les jambes fort menues, les bras de même, des physionomies de singe, de vilains traitsb, &c. Dampier dit que les habitans

a Voyez l’hist. de la conquête des Isles Moluques. Tome I, page 148. Amst. 1706.
b Voy. la Navigation australe de Jacques le Maire. Tome IV, du recueil des voyages qui ont servi à l’établissement de la Compagnie des Indes de Hollande, page 648.

de

228 BUFFON’S

     In few writers respecting this island do we find any mention of men with tails; and of the form and features of the natives, authors differ also prodigiously. With respect to one fact they seem, however, to agree, though it is not perhaps less extraordinary, namely, that the women are not allowed to bear children before the age of 35, though allowed to marry long before that period. In speaking of this custom, Rechteren thus expresses himself: “After the women are married, they must not become mothers till they have completed their 35th or 37th year. When they happen to be pregnant before that time, their priestesses trample upon their bellies with their feet, and thus occasion a miscarriage, as painful and dangerous, if not more so than the natural labour. To bring a child into the world previous to the age prescribed, would be not only a disgrace but an enormous crime. I have seen women who had suffered 16 of these forced miscarriages, and were only allowed to bring into the world their 17th child.”
     The Mariana-islands, or the Ladrones, which are the most remote from the eastern coast, are inhabited by a people rude and uncivilized. Father Gobien says that, till the

arrival

408HISTOIRE NATURELLE

de l’isle Sabala dans la nouvelle Guinée sont une sorte d’Indiens fort basanez, qui ont les cheveux noirs & longs, & qui par les manières ne diffèrent pas beaucoup de ceux de l’isle Mindanao & des autres naturels de ces isles orientales; mais qu’outre ceux-là, qui paroissent êtres les principaux de l’isle, il y a aussi des Nègres, & que ces Nègres de la nouvelle Guinée, ont les cheveux crépus & cotonneza; que les habitans d’une autre isle qu’il appelle Garret-Denis, sont noirs, vigoureux & bien taillez; qu’ils ont la tête grosse & ronde, les cheveux frisez & courts; qu’ils les coupent de différentes manières, & les teignent aussi de différentes couleurs, de rouge, de blanc, de jaune, qu’ils ont le visage rond & large avec un gros nez plat; que cependant leur physionomie ne seroit pas absolument désagréable s’ils ne se défiguroient pas le visage par une espèce de cheville de la grosseur du doigt & longue de quatre pouces, dont ils traversent les deux narines, en sorte que les deux bouts touchent à l’os des joues, qu’il ne paroît qu’un petit brin de nez autour de ce bel ornement; & qu’ils ont aussi de gros trous aux oreilles où ils mettent des chevilles comme au nezb.
     Les habitans de la côte de la nouvelle Hollande qui est à 16 degrés 15 minutes de latitude méridionale & au midi de l’isle de Timor, sont peut-être les gens du monde les plus misérables, & ceux de tous les humains qui approchent le plus des brutes; ils sont grands, droits & menus, ils ont

a Voyez le voyage de Dampier. Tome V, page 82.
b Voy. Idem, Tome V, page 102.

les

NATURAL HISTORY. 229

arrival of the Europeans, they had never seen fire; and that nothing could exceed their astonishment when, on the arrival of Magellan, they first beheld it. Their complexion is tawny, though less brown than that of the natives of the Philippines; in strength and robustness they surpass the Europeans. They are tall and well proportioned; and though they feed solely on roots, fruits, and fish, they are very corpulent, which however, does not check their nimbleness and activity. They live to a great age; nor is it uncommon to find among them persons who, strangers to sickness, have already reached their 100th year.
     Carreri says, that the natives of these islands are of a gigantic figure, corpulent, and so strong that they can raise a weight of 500 pounds upon their shoulders. In general their hair is frizly, their noses thick, their eyes are large, and their colour like that of the Indians. The natives of Guam, one of these islands, have long black hair, large noses, thick lips, white teeth, long visages, and fierce aspects. They are also exceedingly robust; and it is said they do not in height measure less than seven feet.

Southward

DE L’HOMME409

les membres longs & déliez, la tête grosse, le front rond, les sourcils épais; leurs paupières sont toûjours à demi-fermées, ils prennent cette habitude dès leur enfance, pour garantir leurs yeux des moucherons qui les incommodent beaucoup, & comme ils n’ouvrent jamais les yeux, ils ne sauroient voir de loin à moins qu’ils ne lèvent la tête, comme s’ils vouloient regarder quelque chose au dessus d’eux. Ils ont le nez gros, les lèvres grosses & la bouche grande; ils s’arrachent apparemment les deux dents du devant de la mâchoire supérieure, car elles manquent à tous, tant aux hommes qu’aux femmes, aux jeunes & aux vieux, ils n’ont point de barbe: leur visage est long, d’un aspect très-désagréable, sans un seul trait qui puisse plaire; leurs cheveux ne sont pas longs & lisses comme ceux de presque tous les Indiens, mais ils sont courts, noirs & crépus, comme ceux des Nègres, leur peau est noire comme celle des Nègres de Guinée. Ils n’ont point d’habits, mais seulement un morceau d’écorce d’arbre attaché au milieu du corps en forme de ceinture, avec une poignée d’herbes longues au milieu; ils n’ont point de maisons, ils couchent à l’air sans aucune couverture, & n’ont pour lit que la terre, ils demeurent en troupes de vingt ou trente, hommes, femmes & enfans, tout cela pêle-mêle. Leur unique nourriture est un petit poisson qu’ils prennent en faisant des réservoirs de pierre dans de petits bras de mer, ils n’ont ni pain, ni grain, ni légumes, &c.*
     Les peuples d’une autre côte de la nouvelle Hollande,

* Voyez idem, Tome II, page 171.

à

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Miriam Claude Meijer, Ph.D.
12/03/05
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