The women wear rings in their ears, and bracelets
upon their arms and legs.” To this
account it may be added, that the Arabs are all jealous of their
wives, and that, whether they obtain them by purchase or carry them
away by force, they treat them with mildness and even with
respect. The Egyptians, though they
live so near the Arabians, have the same religion, and are governed
by the same laws, yet they are very different in their manners and
customs. In all the towns and villages along the Nile, for example,
we meet with girls set apart for the embraces of travellers, without
any obligation to pay for such indulgence. For this purpose they
have houses always full of these girls; and when a rich man finds
himself dying, as an act of pious charity he disburses a sum of
money to provide damsels and an edifice of this kind. When any of
these girls have a male child, the mother is obliged to rear him
till the age of three or four, after which she carries him to the
patron of the house, or his heir, who employs him as one of his
slaves. The girls, however, remain with the mother, and when of a
proper age they supply her
place. The Egyptian women are very
brown, their
eyes |
Les Nations nombreuses qui habitent les côtes de la méditerranée depuis l’Égypte jusqu’à l’océan, & toute la profondeur des terres de Barbarie jusqu’au mont Atlas & au delà, sont des peuples de différente origine, les naturels du pays, les Arabes, les Vandales, les Espagnols, & plus anciennement les Romains & les Égyptiens, ont peuplé cette contrée d’hommes assez différens entr’eux, par exemple, les habitans des montagnes d’Auress ont un air & une physionomie différente de celle de leurs voisins, leur teint loin d’être basané est au contraire blanc & vermeil, & leurs cheveux sont d’un jaune foncé au lieu que les cheveux de tous les autres sont noirs; ce qui, selon M. Shaw, peut faire croire que ces hommes blonds descendent des Vandales, qui après avoir été chassez trouvèrent moyen de se rétablir dans quelques endroits de ces montagnesa. Les femmes du royaume de Tripoli ne ressemblent point aux Égyptiennes dont elles sont voisines, elles sont grandes, & elles font même consister la beauté à avoir la taille excessivement longue; elles se font, comme les femmes Arabes, des piqûres sur le visage, principalement aux joues & au menton; elles estiment beaucoup les cheveux roux, comme en Turquie, & elles font même peindre en vermillon les cheveux de leurs enfansb.
En général les femmes Maures affectent toutes de porter les cheveux longs jusque sur les talons, celles qui
a Voyez les voyages de M. Shaw. La Haye, 1743, Tome I, p. 168.
b Voyez l’état des royaumes de Barbarie. La Haye, 1704.
n’ont |
eyes are lively, their stature rather low, their
mode of dress by no means agreeable, and their conversation very
tiresome. They are remarkable for bearing a number of children; and
some travellers pretend, that the fertility occasioned by the
inundation of the Nile is not confined to the earth, but to the
human and animal creation. They add, that by drinking of the Nile,
or by bathing in it, the first two months after its overflow, which
are those of July and August, the women generally conceive; that in
April and May they are as generally delivered, and that cows almost
always bring forth two calves, a ewe two lambs,
&c. To reconcile this benign
influence of the Nile with the troublesome disorders occasioned by
it would be difficult. Granger says, that in Egypt the air is
unwholesome; that the eyes are peculiarly subject to diseases so
inveterate, that many lose their sight; that in this country there
are more blind people than in any other; and that during the
increase of the Nile the generality of the inhabitants are afflicted
with obstinate dysenteries, occasioned by the water being then
strongly impregnated with saline
particles. Though the women of
Egypt are commonly small, yet the men are of a good height.
Both, |
n’ont pas beaucoup de cheveux ou qui ne les ont pas si longs que les autres, en portent de postiches, & toutes les tressent avec des rubans; elles se teignent le poil des paupières avec de la poudre de mine de plomb, elles trouvent que la couleur sombre que cela donne aux yeux est une beauté singulière. Cette coûtume est fort ancienne & assez générale, puisque les femmes Grecques & Romaines se brunissoient les yeux comme les femmes de l’Orient. Voyage de M. Shaw, Tome I, page 382.
La plûpart des femmes Maures passeroient pour belles, même en ce pays-ci, leurs enfans ont le plus beau teint du monde & le corps fort blanc, il est vrai que les garçons qui sont exposez au soleil brunissent bien-tôt, mais les filles qui se tiennent à la maison, conservent leur beauté jusqu’à l’âge de trente ans qu’elles cessent communément d’avoir des enfans, en récompense elles en ont souvent à onze ans, & se trouvent quelquefois grand’mères à vingt-deux, & comme elles vivent aussi long-temps que les femmes Européennes, elles voient ordinairement plusieurs générations. Idem, Tome I, page 395.
On peut remarquer en lisant la description de ces différens peuples dans Marmol, que les habitans des montagnes de la Barbarie sont blancs, au lieu que les habitans des côtes de la mer & des plaines sont basanez & très-bruns. Il dit expressément que les habitans de Capez, ville du royaume de Tunis sur la méditerranée, sont de pauvres gens fort noirs*, que ceux qui habitent le long
* Voyez l’Afrique de Marmol. Tome II, page 536.
de |
Both, generally speaking, are of an olive colour,
and the more we remove from Cairo the more tawny we find the
natives, till we come to the confines of Nubia, where they are
nearly as black as the Nubians
themselves. The greatest defects of
the Egyptians are, idleness and cowardice. They do nothing the whole
day but drink coffee, smoke tobacco, sleep, or chatter in the
streets. They are extremely ignorant, yet are full of the most
ridiculous vanity. Though they cannot deny they have lost that
nobleness they once possessed, their skill in sciences and in arms,
their history, and even their language; and that from an illustrious
nation they have degenerated into a people dastardly and enslaved,
they yet scruple not to despise all other nations, and to take
offence at advising them to send their children to Europe, to
acquire a knowledge of the arts and
sciences. Of a distinct origin are
the numerous natives that inhabit the coasts of the Mediterranean,
between Egypt and the western ocean, as well as the extensive
territories from Barbary to Mount Atlas. The Arabs, Vandals,
Spaniards, and, more anciently, the Romans and the Egyptians,
peopled these regions with
men |
de la rivière de Dara dans la province d’Escure au royaume de Maroc, sont fort basaneza; qu’au contraire les habitans de Zarhou & des montagnes de Fez du côté du mont Atlas, sont fort blancs, & il ajoûte que ces derniers sont si peu sensibles au froid, qu’au milieu des neiges & des glaces de ces montagnes ils s’habillent très-légèrement & vont tête nue toute l’annéeb; & à l’égard des habitans de la Numidie, il dit qu’ils sont plûtôt basanez que noirs, que les femmes y sont même assez blanches & ont beaucoup d’embonpoint, quoique les hommes soient maigresc, mais que les habitans du Guaden dans le fond de la Numidie sur les frontières du Sénégal, sont plûtôt noirs que basanezd, au lieu que dans la province de Dara les femmes sont belles, fraîches, & que par-tout il y a une grande quantité d’esclaves Nègres de l’un & de l’autre sèxee.
Tous les peuples qui habitent entre le 20me & le 30me ou le 35me degré de latitude nord dans l’ancien continent depuis l’empire du Mogol jusqu’en Barbarie, & même depuis le Gange jusqu’aux côtes occidentales du royaume de Maroc, ne sont donc pas fort différens les uns des autres, si l’on excepte les variétés particulières occasionnées par le mélange d’autres peuples plus septentrionaux qui ont conquis ou peuplé quelques-unes de ces vastes
a Voyez l’Afrique de Marmol. Tome II, page 125.
b Idem, Tome II, page 198 & 305.
c Idem, Tome III, page 6.
d Idem, Tome III, page 7.
e Idem, Tome III, page. 11.
contrées. |
men very different from each other. The inhabitants
of the mountains of Arras, for example, have an aspect and
complexion very different from those of their neighbours; their
skin, far from being tawny, is fair and ruddy; and their hair is of
a deep yellow, while that of the adjacent nations is black;
circumstances which have led Dr. Shaw to suppose them the
descendants of the Vandals, who, on their expulsion, might have
settled in some parts of these
mountains. The women of the kingdom
of Tripoli, though so near to those of Egypt, have yet no
resemblance to them. The former are tall; and they even consider
length of stature as an essential article of beauty. Like the
Arabian women they mark their cheeks and chin; and as in Turkey they
so highly esteem red hair, they even paint that of their children
with vermillion. In general the
Moorish women affect to wear their hair down to their heels, and
those whose hair is less in length, use false locks; and they all
adorn their tresses with ribbons. The hair of the eye-lids they
tinge with the dust of black lead; and the dark colour which this
gives to the eyes they esteem a singular beauty. In
this |
contrées. Cette étendue de terre sous les mêmes parallèles, est d’environ deux mille lieues; les hommes en général y sont bruns & basanez, mais ils sont en même temps assez beaux & assez bien faits. Si nous examinons maintenant ceux qui habitent sous un climat plus tempéré, nous trouverons que les habitans des provinces septentrionales du Mogol & de la Perse, les Arméniens, les Turcs, les Géorgiens, les Mingréliens, les Circassiens, les Grecs & tous les peuples de l’Europe, sont les hommes les plus beaux, les plus blancs & les mieux faits de toute la terre, & que quoiqu’il y ait fort loin de Cachemire en Espagne, ou de la Circassie à la France, il ne laisse pas d’y avoir une singulière ressemblance entre ces peuples si éloignez les uns des autres, mais situez à peu près à une égale distance de l’équateur. Les Cachemiriens, dit Bernier, sont renommez pour la beauté, ils sont aussi bien faits que les Européens & ne tiennent en rien du visage Tartare, ils n’ont point ce nez écaché & ces petits yeux de cochon qu’on trouve chez leurs voisins; les femmes sur-tout sont très-belles, aussi la plûpart des étrangers nouveaux venus à la cour du Mogol, se fournissent de femmes Cachemiriennes, afin d’avoir des enfans qui soient plus blancs que les Indiens, & qui puissent aussi passer pour vrais Mogols*. Le sang de Géorgie est encore plus beau que celui de Cachemire, on ne trouve pas un laid visage dans ce pays, & la Nature a répandu sur la
* Voyez les voyages de Bernier. Amsterdam, 1710, Tome II, page 281.
plûpart |
this circumstance, indeed they differ not from the
women of ancient Greece and
Rome. Most part of the Moorish
women would pass for handsome even in Europe. The skin of their
children is exceedingly fair and delicate; and though the boys, by
being exposed to the sun, soon grow swarthy, yet the girls, who are
kept more at home, retain their beauty till the age of 30, when they
commonly cease to have children. At this premature sterility they
have less cause to repine; as they are often mothers at the age of
11, and grandmothers at that of 22; and living as long as European
women, they commonly see several
generations. In reading Marmol’s
description of these different nations, it is evident that the
inhabitants of the mountains of Barbary are fair, and those of the
sea-coasts and plains are very brown and tawny. He says expressly,
that the inhabitants of Capex, a city of Tunis, are poor people
exceedingly black; that those who dwell on the river Dara, in the
kingdom of Morocco, are very tawny; and that the inhabitants of
Zarhou, and of the mountains of Fez, on the side of Mount Atlas, are
white. He adds, that the latter are so little affected by
cold, |
plûpart des femmes, des graces qu’on ne voit pas ailleurs, elles sont grandes, bien faites, extrêmement déliées à la ceinture, elles ont le visage charmanta. Les hommes sont aussi fort beauxb, ils ont naturellement de l’esprit & ils seroient capables des sciences & des arts, mais leur mauvaise éducation les rend très-ignorans & très-vicieux, & il n’y a peut-être aucun pays dans le monde où le libertinage & l’ivrognerie soient à un si haut point qu’en Géorgie. Chardin dit que les gens d’église, comme les autres, s’enivrent très-souvent & tiennent chez eux de belles esclaves dont ils font des concubines; que personne n’en est scandalisé, parce que la coûtume en est générale & même autorisée, & il ajoûte que le Préfet des Capucins lui a assuré avoir ouï dire au Catholicos (on appelle ainsi le Patriarche de Géorgie) que celui qui aux grandes fêtes, comme Pâques & Nœl, ne s’enivre pas entiérement, ne passe pas pour Chrétien & doit être excommuniéc. Avec tous ces vices les Géorgiens ne laissent pas d’être civils, humains, graves & modérez, ils ne se mettent que très-rarement en colère, quoiqu’ils soient ennemis irréconciliables lorsqu’ils ont conçu de la haine contre quelqu’un.
Les femmes, dit Struys, sont aussi fort belles & fort
a Voyez les voyages de Chardin, première partie. Londres, 1686, page 204.
b Voyez il genio vagante del conte Aurelio degli Anzl. In Parma, 1691, Tome I, page 170.
c Voyez les voyages de Chardin, page 205. blanches |
cold, that even in frost and snow their dress is
very slight; and through the whole year they go with the head
uncovered. The Numidians, he says, are rather tawny than black; the
women are tolerably fair, and even lusty, though the men are meagre;
but that the inhabitants of Guaden, at the extremity of Numidia, and
on the frontiers of Senegal, are rather black than tawny; that, on
the other hand, in the province of Dara, the women are beautiful and
fresh-coloured; and that throughout the whole regions negro-slaves
of both sexes are numerous. The
difference then is not great among the nations that dwell between
the 20th, 30th, or 35th degree north latitude, in the old continent;
that is, from the Mogul empire to Barbary, and even from the Ganges
to the western coasts of Morocco, if we except the varieties
occasioned by the mixture with more northern nations, by which some
of these vast countries have been conquered and peopled. In this
territory, the extent of which is not less than 2000 leagues, the
inhabitants are in general brown and tawny, yet well made, and
tolerably handsome.
If |
blanches en Circassie, & elles ont le plus beau teint & les plus belles couleurs du monde, leur front est grand & uni, & sans le secours de l’art elles ont si peu de sourcils qu’on diroit que ce n’est qu’un filet de soie recourbé; elles ont les yeux grands, doux & pleins de feu, le nez bien fait, les lèvres vermeilles, la bouche riante & petite, & le
menton comme il doit être pour achever un parfait ovale; elles ont le col & la gorge parfaitement bien faits, la peau blanche comme neige, la taille grande & aisée, les cheveux du plus beau noir; elles portent un petit bonnet d’étoffe noire, sur lequel est attaché un bourlet de même couleur; mais ce qu’il y a de ridicule, c’est que les veuves portent à la place de ce bourlet une vessie de bœuf ou de vache des plus enflées, ce qui les défigure merveilleusement. L’été les femmes du peuple ne portent qu’une simple chemise qui est ordinairement bleue, jaune ou rouge, & cette chemise est ouverte jusqu’à mi-corps; elles ont le sein parfaitement bien fait, elles sont assez libres avec les étrangers, mais cependant fidèles à leurs maris qui n’en sont point jaloux. Voyez les voyages de Struys, page 75, Tome II.
Tavernier dit aussi que les femmes de la Comanie & de la Circassie sont, comme celles de Géorgie, très-belles & très-bien faites, qu’elles paroissent toûjours fraîches jusqu’à l’âge de quarante-cinq ou cinquante ans; qu’elles sont toutes fort laborieuses, & qu’elles s’occupent souvent des travaux les plus pénibles; ces peuples ont conservé la plus grande liberté dans le mariage, car s’il arrive que
le |
If we next examine
those who live in climates more temperate, we shall find that the
people northward of Mogul and Persia, the Armenians, Turks,
Georgians, Mingrelians, Circassians, Greeks, and the Europeans at
large, are the most fair and handsome in the world; and that however
remote Cashmire may be from Spain, or Circassia from France, yet
situated nearly at the same distance from the equator, the
resemblance between the natives is singularly
striking. The people of Cashmire,
says Bernier, are celebrated for beauty; they are as well made as
the Europeans; they have nothing of the Tartar visages; nor have
they that flat nose, and those pig’s eyes we met with among their
neighbours. The women are particularly handsome; and it is very
common for strangers, on coming to the court of Mogul, to provide
themselves with wives from Cashmire, in order to have children that
may pass for true Moguls. The
natives of Georgia are of a more refined extraction than those of
Cashmire. In the whole of that country we find not an ugly face; and
the women enjoy from Nature graces superior to those of any other
race. They are
tall |
le mari ne soit pas content de sa femme & qu’il s’en plaigne le premier, le Seigneur du lieu envoie prendre la femme, la fait vendre, & en donne une autre à l’homme qui s’en plaint, & de même si la femme se plaint la première on la laisse libre & on lui ôte son mari*.
Mingréliens sont, au rapport des voyageurs, tout aussi beaux & aussi bien faits que les Géorgiens ou les Circassiens, & il semble que ces trois peuples ne fassent qu’une seule & même race d’hommes. «Il y a en Mingrélie, dit Chardin, des femmes merveilleusement bien faites, d’un air majestueux, de visage & de taille admirables; elles ont outre cela un regard engageant qui caresse tous ceux qui les regardent: les moins belles & celles qui sont âgées se fardent grossièrement, & se peignent tout le visage, sourcils, joues, front, nez, menton; les autres se contentent de se peindre les sourcils, elles se parent le plus qu’elles peuvent. Leur habit est semblable à celui des Persannes, elles portent un voile qui ne couvre que le dessus & le derrière de la tête, elles ont de l’esprit, elles sont civiles & affectueuse, mais en même temps très-perfides, & il n’y a point de méchanceté qu’elles ne mettent en usage pour se faire des amans, pour les conserver ou pour les perdre. Les hommes ont aussi bien de mauvaises qualités, ils sont tous élevez au larcin, ils l’étudient, ils en font leur emploi, leur plaisir & leur honneur, ils content avec une satisfaction extrême les vols qu’ils ont
* Voyez les voyages de Tavernier. Rouen, 1713, Tome I, page 469.
faits, |
tall and well-shaped; their waist is exceedingly
delicate, and their faces are truly charming. The men are also very
handsome; and, from their natural ingenuity, were it not
counteracted by a wretched education, which renders them ignorant
and vicious, they might successfully cultivate the arts and
sciences. In no country whatever, perhaps are libertinism and
drunkenness carried to so great a pitch as in Georgia. Chardin says,
that even the clergy are exceedingly addicted to wine; that, in the
character of slaves, they retain a number of concubines, and that at
this custom, as being general and even authorised, no person takes
offence. He adds, that the prefect of the Capuchins assured him,
that the Patriarch of Georgia publicly declares, that he who, at the
grand festivals, as those of Easter and Christmas, does not get
drunk, is unworthy to be called a Christian, and ought to be
excommunicated. With all their vices the Georgians are a civil and
humane people, little subject to passion, but irreconcileable
enemies when provoked, and have conceived an
antipathy. “The women of
Circassia,” says Struys, “are also exceedingly fair and beautiful.
Their complexion has the finest tints, their forehead
is |
faits, ils en sont louez, ils en tirent leur plus grande gloire; l’assassinat, le vol, le mensonge, c’est ce qu’ils appellent de belles actions; le concubinage, la bigamie, l’inceste, sont des habitudes vertueuses en Mingrélie, l’on s’y enlève les femmes les uns aux autres, on y prend sans scrupule sa tante, sa nièce, la tante de sa femme, on épouse deux ou trois femmes à la fois, & chacun entretient autant de concubines qu’il veut. Les maris sont très-peu jaloux, & quand un homme prend sa femme sur le fait avec son galant, il a droit de le contraindre à payer un cochon, & d’ordinaire il ne prend pas d’autre vengeance, le cochon se mange entre eux trois. Ils prétendent que c’est une très-bonne & très-louable coûtume d’avoir plusieurs femmes & plusieurs concubines, parce qu’on engendre beaucoup d’enfans qu’on vend argent comptant, ou qu’on échange pour des hardes & pour des vivres.» Voyez les voyages de Chardin, page 77 & suiv.
Au reste ces esclaves ne sont pas fort chers, car les hommes âgés depuis vingt-cinq ans jusqu’à quarante ne coûtent que quinze écus, ceux qui sont plus âgés huit ou dix; les belles filles d’entre treize & dix-huit ans, vingt écus, les autres moins; les femmes douze écus, & les enfans trois ou quatre. Idem, page 105.
Les Turcs qui achettent un très-grand nombre de ces esclaves, sont un peuple composé de plusieurs autres peuples, les Arméniens, les Géorgiens, les Turcomans se sont mêlez avec les Arabes, les Égyptiens, & même avec les Européens dans le temps des Croisades, il n’est donc
guère |
is large and smooth, and, without the aid of art,
their eye-brows are so delicate, that they appear as curved threads
of silk. Their eyes are large, expressive, and full of fire; their
noses finely shaped, and their lips perfect vermilion; their mouths
are small, and constantly expressive of smiles, and their chins form
the termination of a perfect oval. Their necks and breasts are
admirably formed; their stature is tall, and the shape of their body
easy; their skin is white as snow, and their hair of the most
beautiful black. They wear a little black stuff cap, over which is
fastened a roller of the same colour; but, what is truly ridiculous,
the widows, instead of this roller, wear the bladder of an ox, or a
cow, blown out as much as possible, which disfigures them amazingly.
In summer the inferior classes wear nothing but a shift, which is
open down to the middle, and is generally blue, yellow, or red.
Though tolerably familiar with strangers, they are faithful to their
husbands, who are by no means jealous of
them.” Tavernier says also, that
the women of Comania and Circassia are, like those of Georgia, very
shapely and beautiful; that they retain the freshness of their
complexion till the age of
45 |
guère possible de reconnoître les habitans naturels de l’Asie mineure, de la Syrie & du reste de la Turquie: tout ce qu’on peut dire, c’est qu’en général les Turcs sont des hommes robustes & assez bien faits; il est même assez rare de trouver parmi eux des bossus & des boiteuxa. Les femmes sont aussi ordinairement belles, bien faites & sans défaut; elles sont fort blanches parce qu’elles sortent peu, & que quand elles sortent elles sont toûjours voiléesb.
«Il n’y a femme de laboureur ou de paysan en Asie, dit Belon, qui n’ait le teint frais comme une rose, la peau délicate & blanche, si polie & si bien tendue qu’il semble toucher du velours; elles se servent de terre de Chio qu’elles détrempent pour en faire une espèce d’onguent dont elles se frottent tout le corps en entrant au bain, aussi-bien que le visage & les cheveux. Elles se peignent aussi les sourcils en noir, d’autres se les font abattre avec du rusma & se font de faux sourcils avec de la teinture noire, elles les font en forme d’arc & élevez en croissant, cela est beau à voir de loin, mais laid lorsqu’on regarde de près, cet usage est pourtant de toute ancienneté.» Voyez les observations de Pierre Belon. Paris, 1555, page 199. Il ajoûte que les Turcs, hommes & femmes, ne portent de poil en aucune partie du corps excepté les cheveux & la barbe; qu’ils se servent du rusma pour l’ôter, qu’ils mêlent moitié autant de chaux vive qu’il y a de rusma, & qu’ils
a Voyez le voyage de Thevenot. Paris, 1664, Tome I, page 55.
b Idem, Tome I, page 105.
détrempent |
45 or 50; that they are all very industrious, and
often employed in the most servile offices. In marriage these people
possess an uncommon degree of liberty. If the husband is not
contented with his wife, and he makes his complaint first, the lord
of the district sends for the wife, orders her to be sold, and
provides the husband with another. If the woman complains first, her
husband is taken from her, and she is left at her
freedom. The Mingrelians are said
to be as beautiful, and as well shaped as the Georgians or
Circassians; and, indeed, they all seem to be of the same race. The
women of Mingrelia, says Chardin, are very handsome, have a majestic
air, their faces and forms are admirable, and have a look so
engaging us to attract every beholder. Those who are less handsome,
or advanced in years, daub their eyebrows, cheeks, forehead, nose,
and chin, with paint; the rest only paint the eyebrows. They bestow
every possible attention to their dress, which is similar to that of
the Persians. They are lively, civil, and obliging, yet full of
perfidy, and there is no wickedness they will not put in practice,
in order to obtain, to preserve, or get rid of a lover. The men have
likewise many bad qualities.
They |
détrempent le tout dans de l’eau; qu’en entrant dans le bain on applique cette pomade, qu’on la laisse sur la peau à peu près autant de temps qu’il en faut pour cuire un œuf; dès que l’on commence à suer dans ce bain chaud le poil tombe de lui-même en le lavant seulement d’eau chaude avec la main, & la peau demeure lisse & polie sans aucun vestige de poil. Idem, page 198. Il dit encore qu’il y a en Égypte un petit arbrisseau nommé Alcanna, dont les feuilles desséchées & mises en poudre servent à teindre en jaune; les femmes de toute la Turquie s’en servent pour se teindre les mains, les pieds & les cheveux en couleur jaune ou rouge, ils teignent aussi de la même couleur les cheveux des petits enfans, tant mâles que femelles, & les crins de leurs chevaux, &c. Idem, page 136.
Les femmes Turques se mettent de la tutie brûlée & préparée dans les yeux pour les rendre plus noirs, elles se servent pour cela d’un petit poinçon d’or ou d’argent qu’elles mouillent de leur salive pour prendre cette poudre noire, & la faire passer doucement entre leurs paupières & leurs prunellesa; elles se baignent aussi très-souvent, elles se parfument tous les jours, & il n’y a rien qu’elles ne mettent en usage pour conserver ou pour augmenter leur beauté; on prétend cependant que les Persannes se recherchent encore plus sur la propreté que les Turques; les hommes sont aussi de différens goûts sur la beauté, les Persans veulent des brunes & les Turcs des roussesb.
a V. la nouvelle relat. du Levant par M. P. A. Paris, 1667, p. 355.
b Voyez le voyage de la Boulaye, page 110.
On |
They are all bred up to thievery, which they make a
business and amusement. With infinite satisfaction do they relate
the different depredations they have committed, for which they are
extolled, and derive their greatest glory. In Mingrelia, falsehood,
robbery, and murder, they call good actions; whoredom, bigamy, and
incest, virtuous habits. The husbands are little disturbed with
jealousy; and when he detects his wife in the actual embraces of her
gallant, he has only a right to demand a pig from him, which is his
only atonement, his only revenge; and the pig they generally eat
between them. They pretend it is a very good and laudable custom to
have a number of wives and concubines, because they can have a
greater increase of children, whom they can sell for gold, or
exchange for goods or provisions. The Mingrelian slaves are not very
dear. A man from the age of 25 to 40 is purchased for 15 crowns, and
if older for eight or ten, a handsome girl, from 13 to 18 for 20
crowns; a woman for 12 crowns; and a child for three or
four. The Turks, who purchase a
vast number of these slaves, are so intermixed with Armenians,
Georgians, Turcomans, Arabs, Egyptians, and
even |
On a prétendu que les Juifs, qui tous sortent originairement de la Syrie & de la Palestine, ont encore aujourd’hui le teint brun comme ils l’avoient autrefois; mais, comme le remarque fort bien Misson, c’est une erreur de dire que tous les Juifs sont basanez; cela n’est vrai que des Juifs Portugais. Ces gens-là se mariant toûjours les uns avec les autres, les enfans ressemblent à leurs père & mère, & leur teint brun se perpétue ainsi avec peu de diminution par-tout où ils habitent, même dans les pays du Nord; mais les Juifs Allemans, comme, par exemple, ceux de Prague, n’ont pas le teint plus basané que tous les autres Allemans*. Aujourd’hui les habitans de la Judée ressemblent aux autres Turcs, seulement ils sont plus bruns que ceux de Constantinople ou des côtes de la Mer noire, comme les Arabes sont aussi plus bruns que les Syriens, parce qu’ils sont plus méridionaux.
Il en est de même chez les Grecs, ceux de la partie septentrionale de la Grèce sont fort blancs, ceux des isles ou des provinces méridionales sont bruns: généralement parlant les femmes Grecques sont encore plus belles & plus vives que les Turques, & elles ont de plus l’avantage d’une beaucoup plus grande liberté. Gemelli Careri dit que les femmes de l’isle de Chio sont blanches, belles, vives & fort familières avec les hommes, que les filles voient les étrangers fort librement, & que toutes ont
* Voyez les voyages de Misson, 1717. Tome II, page 225.
la |
even Europeans, it is hardly possible to
distinguish the real natives of Asia Minor, Syria, and the rest of
Turkey. The Turkish men are generally robust, and tolerably well
made, and it is rare to find a deformed person among them. The women
are also commonly beautiful, and free from blemishes; they are very
fair, because they seldom stir from home, and never without being
veiled. According to Belon, there
is not a woman in Asia whose complexion is not fresh as a rose,
whose skin is not fair, delicate, and smooth as velvet. Of the earth
of China,* diluted, they form a kind of ointment, with which they rub
all over their bodies before they bathe. Some likewise paint their
eye-brows black, while others eradicate the hairs with rusma, and
paint themselves eye-brows in the form of a crescent, which are
beautiful when viewed at a distance, but quite the reverse when
examined more closely. This custom is very ancient. Among the Turks,
he adds, neither men nor women wear hair on any part of the body,
the head and chin excepted; that they use rusma mixed with quick
lime, and diluted in water, which they apply before they go into the
warm bath, and so soon as they begin to sweat in thus
* China Chio [Meijer]
bathing |
la gorge entiérement découvertea. Il dit aussi que les femmes Grèques ont les plus beaux cheveux du monde, sur-tout dans le voisinage de Constantinople, mais il remarque que ces femmes dont les cheveux descendent jusqu’aux talons, n’ont pas les traits aussi réguliers que les autres Grèquesb.
Les Grecs regardent comme une très-grande beauté dans les femmes, d’avoir de grands & de gros yeux & les sourcils fort élevez, & ils veulent que les hommes les aient encore plus gros & plus grandsc. On peut remarquer dans tous les bustes antiques, les médailles, &c. des anciens Grecs, que les yeux sont d’une grandeur excessive en comparaison de celle des yeux dans les bustes & les médailles Romaines. Les habitans des Isles de l’Archipel sont presque tous grands nageurs & très-bons plongeurs. Thevenot dit qu’ils s’exercent à tirer les éponges du fond de la mer, & même les hardes & les marchandises des vaisseaux qui se perdent, & que dans l’isle de Samos on ne marie pas les garçons qu’ils ne puissent plonger sous l’eau à huit brasses au moinsd; Daper dit vingt brassese, & il ajoûte que dans quelques isles, comme dans celle de Nicarie, ils
a Voyez les voyages de Gemelli Careri. Paris, 1719, Tome I, page 110.
b Idem, Tome I, page 373.
c Voyez les observations de Belon, page 200.
d Voyez le voyage de Thevenot. Tome I, page 206.
e Voyez la description des isles de l’Archipel, par Daper. Amsterdam, 1703, page 163.
ont |
bathing the hair rubs off with the hand, and the
skin remains soft and smooth, as if there had never been any upon
it. He remarks further, that in Egypt there is a shrub called
Alcanna, the leaves of which dried and powdered make a
reddish yellow colour, which the women of Turkey use to colour their
hair, hands, and feet. With this they also tinge the hair of their
infants, and the manes of their horses. The Turkish women employ
every art to add to their beauty, as do also the Persian, but the
articles they use are different, as the men of the former prefer
red, and those of the latter brown
complexions. It has been pretended
that the Jews, who came originally from Syria, and Palestine, have
the same brown complexion they had formerly. As Misson, however,
justly observes, the Jews of Portugal alone are tawny. As they
always marry with their own tribe, the complexion of the parents is
transmitted to the child, and thus with little diminution preserved,
even in the northern countries. The German Jews, those of Prague,
for example, are not more swarthy than the other Germans.
The |
ont une coûtume assez bizarre qui est de se parler de loin, sur-tout à la campagne, & que ces Insulaires ont la voix si forte qu’ils se parlent ordinairement d’un quant de lieue, & souvent d’une lieue, en sorte que la conversation est coupée par de grands intervalles, la réponse n’arrivant que plusieurs secondes après la question.
Les Grecs, les Napolitains, les Siciliens, les habitans de Corse, de Sardaigne, & les Espagnols étant situez à peu près sous le même parallèle, sont assez semblables pour le teint, tous ces peuples sont plus basanez que les François, les Anglois, les Allemans, les Polonois, les Moldaves, les Circassiens, & tous les autres habitans du nord de l’Europe jusqu’en Lapponie, où, comme nous l’avons dit au commencement, on trouve une autre espèce d’hommes. Lorsqu’on fait le voyage d’Espagne, on commence à s’apercevoir dès Bayonne de la différence de couleur; les femmes ont le teint un peu plus brun, elles ont aussi les yeux plus brillansa.
Les Espagnols sont maigres & assez petits, ils ont la taille fine, la tête belle, les traits réguliers, les yeux beaux, les dents assez bien rangées, mais ils ont le teint jaune & basané; les petits enfans naissent fort blancs, & sont fort beaux, mais en grandissant leur teint change d’une manière surprenante, l’air les jaunit, le soleil les brûle, & il est aisé de reconnoître un Espagnol de toutes les autres nations Européennesb. On a remarqué que dans quelques
a Voyez la relation du voyage d’Espagne. Paris, 1691, page 4.
b Idem, page 187.
provinces |
The present natives
of Judea resemble the other Turks, being only a little more brown
than those of Constantinople, or on the coasts of the Black Sea, in
like manner as the Arabians are more brown than the Syrians, from
their situation being more
southern. It is the same with the
Greeks. Those of the northern parts are more fair, while those of
the southern islands, or provinces, are brown. Generally speaking,
the Greek women are more handsome and vivacious than the Turks; they
also enjoy a greater degree of liberty. Carreri says, the women of
the island of Chio are fair, handsome, lively, and very familiar
with the men; that the girls see strangers without restraint; and
that they all have their necks uncovered. He likewise says, that the
Greek women have the finest hair in the world, especially in the
vicinage of Constantinople; but that those whose hair descends to
the heels, have features less
regular. The Greeks consider large
eyes, and elevated eye-brows, as a very great beauty in either sex;
and we may remark in all busts and medals of ancient Greeks, the
eyes are much larger than those of the ancient Romans.
The |
provinces d’Espagne, comme aux environs de la rivière de Bidassoa, les habitans ont les oreilles d’une grandeur démesuréea.
Les hommes à cheveux noirs ou bruns commencent à être rares en Angleterre, en Flandre, en Hollande & dans les provinces septentrionales de l’Allemagne; on n’en trouve presque point en Dannemark, en Suède, en Pologne. Selon M. Linnæus les Gots sont de haute taille, ils ont les cheveux lisses, blonds, argentez, & l’iris de l’œil bleuâtre: Gothi corpore proceriore, capillis albidis rectis, oculorum iridibus cinereo-cœrulescentibus. Les Finnois ont le corps musculeux & charnu, les cheveux blonds-jaunes & longs, l’iris de l’œil jaune-foncé: Fennones corpore toroso, capillis flavis prolixis, oculorum iridibus fuscisb.
Les femmes sont fort fécondes en Suède, Rudbeck dit qu’elles y font ordinairement huit, dix ou douze enfans, & qu’il n’est pas rare qu’elles en fassent dix-huit, vingt, vingt-quatre, vingt-huit & jusqu’à trente; il dit de plus qu’il s’y trouve souvent des hommes qui passent cent ans, que quelques-uns vivent jusqu’à cent quarante ans, & qu’il y en a même eu deux, dont l’un a vécu cent cinquante-six, & l’autre cent soixante-un ansc. Mais il est vrai que cet auteur est un enthousiaste au sujet de sa patrie, & que, selon lui, la Suède est à tous égards le premier pays du monde. Cette fécondité dans les femmes ne suppose
a Voyez la relation du voyage d’Espagne. Paris, 1691, p. 326.
b Vide Linnæi faunam Suecicam. Stockolm, 1746, page 1.
c Vide Olaii Rudbeckii Atlantica. Upsal. 1684.
pas |
The inhabitants of
the Archipelago and excellent swimmers and divers. According to
Thevenot, they are trained to the practice of bringing up goods
which have been sunk into the sea; and that in the island of Samos,
a young man has no chance of obtaining a wife, unless he can dive
eight, and Dapper says twenty, fathoms. The latter adds, that in
some of the islands, as in Nicaria, they have a strange custom of
speaking to each other at a distance, and that their voices are so
strong, that when a quarter of a league, nay even a whole league
asunder, they maintain a conversation, though not without long
intervals, as after a question is asked, the answer does not arrive
for several seconds. The Greeks,
Neapolitans, Sicilians, Corsicans, Sardinians, and Spaniards, being
situated nearly under the same line, are uniform in point of
complexion. Those people are more swarthy than the English, French,
Germans, Polanders,4 Moldavians,
Circassians, and all the other inhabitants of the north of Europe,
till we advance to Lapland; where, as already observed, we find
another race of men. In travelling through Spain, we begin to
perceive a difference of colour even at Bayonne.
There 4 Poles [Meijer]
the |
pas qu’elles aient plus de penchant à l’amour, les hommes mêmes sont beaucoup plus chastes dans les pays froids que dans les climats méridionaux. On est moins amoureux en Suède qu’en Espagne ou en Portugal, & cependant les femmes y font beaucoup plus d’enfans. Tout le monde sait que les Nations du nord ont inondé toute l’Europe au point que les Historiens ont appellé le Nord Officina gentium.
L’auteur des voyages historiques de l’Europe dit aussi, comme Rudbeck, que les hommes vivent ordinairement en Suède plus long-temps que dans la plûpart des autres Royaumes de l’Europe, & qu’il en a vû plusieurs qu’on lui assuroit avoir plus de cent cinquante ansa. Il attribue cette longue durée de la vie des Suédois à la salubrité de l’air de ce climat, il dit à peu près la même chose du Dannemark; selon lui les Danois sont grands & robustes, d’un teint vif & coloré, & ils vivent fort long-temps à cause de la pureté de l’air qu’ils respirent; les femmes sont aussi fort blanches, assez bien faites, & très-fécondesb.
Avant le Czar Pierre Ier les Moscovites étoient, dit-on, encore presque barbares; le peuple né dans l’esclavage étoit grossier, brutal, cruel, sans courage & sans mœurs. Ils se baignoient très-souvent hommes & femmes pêle-mêle dans des étuves échauffées à un degré de chaleur insoûtenable pour tout autre que pour eux; ils alloient ensuite, a Voyez les voyages historiques de l’Europe. Paris, 1693, Tome VIII, page 229.
b Idem, Tome VIII, page 279 & 280.
comme |
the women have a complexion more brown, and eyes
more brilliant. The Spaniards are
meagre, rather short, yet handsome. They are yellow and swarthy; but
their eyes are beautiful, their teeth well ranged, and their
features are regular. Their children are born fair and handsome; but
as they grow up their complexion changes surprisingly; the air and
sun render them yellow and tawny; nor is it difficult to distinguish
a Spaniard from a native of any other country in Europe. In some
provinces of Spain, as in the environs of the river Bidassoa, it is
remarked, the inhabitants have ears of an immoderate
size. Black or brown hair begins to
be rather infrequent in England, Flanders, Holland, and in the
northern provinces of Germany; nor is it hardly to be seen in
Denmark, Sweden, or Poland. According to Linnaeus, the Goths are
tall, their hair smooth and white as silver, and the iris of their
eye is bluish. The Finlanders5 are
muscular and fleshy; the hair long, and of a yellowish white, and
the iris of the eye is of a deep
yellow. In Sweden the women are
exceedingly fruitful. Rudbeck says, that they commonly
bear 5
Fins [Meijer] |
comme les Lappons, se jeter dans l’eau froide au sortir de ces bains chauds. Ils se nourrissoient fort mal, leurs mets favoris n’étoient que des concombres ou des melons d’Astracan qu’ils mettoient pendant l’été confire avec de l’eau, de la farine & du sel*. Ils se privoient de quelques viandes, comme de pigeons ou de veau, par des scrupules ridicules; cependant dès ce temps-là même les femmes savoient se mettre du rouge, s’arracher les sourcils, se les peindre ou s’en former d’artificiels; elles savoient aussi porter des pierreries, parer leurs coëffures de perles, se vêtir d’étoffes riches & précieuses; ceci ne prouve-t-il pas que la barbarie commençoit à finir, & que leur Souverain n’a pas eu autant de peine à les policer que quelques auteurs ont voulu l’insinuer! Ce peuple est aujourd’hui civilisé, commerçant, curieux des arts & des sciences, aimant les spectacles & les nouveautés ingénieuses. Il ne suffit pas d’un grand homme pour faire ces changemens, il faut encore que ce grand homme naisse à propos.
Quelques auteurs ont dit que l’air de Moscovie est si bon qu’il n’y a jamais eu de peste, cependant les annales du pays rapportent qu’en 1421, & pendant les six années suivantes la Moscovie fut tellement affligée de maladies contagieuses que la constitution des habitans & de leurs descendans en fût altérée, peu d’hommes depuis ce temps arrivant à l’âge de cent ans, au lieu qu’auparavant il y
* Voyez la relation curieuse de Moscovie. Paris, 1698, page 181.
en |
bear 8, 10, or 12 children, and not unoften 18, 20,
24, 28, and even 30. He adds, that the men often live to the age of
100, some to that of 140; that one Swede lived to 156 years, and
another to 161. This author is an
enthusiast with regard to his country, and according to him, Sweden
is the first country in the world. This fertility in the women does
not imply a greater propensity to love. In cold climates the
inhabitants are far more chaste than in warm; and though they
produce more children in Sweden, the women are less amorous than
those of Spain or Portugal. It is universally known, that the
northern nations have to so great a degree overrun all Europe, that
historians have distinguished the north by the appellation of
Officina Gentium. The author
of the “Voyages Historiques de l’Europe,” agrees with Rudbeck, that
there are more instances of longevity in Sweden, than in any other
European nation; and that he saw several persons who, he was
assured, had passed the age of 150. This longevity he attributes to
the salubrity of their climate; and of the people of Denmark he
makes the same remark; the Danes, he adds,
are |
en avoit beaucoup qui alloient au delà de ce termea.
Les Ingriens & les Caréliens qui habitent les provinces septentrionales de la Moscovie, & qui sont les naturels du pays des environs de Pétersbourg, sont des hommes vigoureux & d’une constitution robuste, ils ont pour la plûpart les cheveux blancs ou blondsb; ils ressemblent assez aux Finnois & ils parlent la même langue qui n’a aucun rapport avec toutes les autres langues du Nord.
En réfléchissant sur la description historique que nous venons de faire de tous les peuples de l’Europe & de l’Asie, il paroît que la couleur dépend beaucoup du climat, sans cependant qu’on puisse dire qu’elle en dépende entiérement: il y a en effet plusieurs causes qui doivent influer sur la couleur & même sur la forme du corps & des traits des différens peuples; l’une des principales est la nourriture, & nous examinerons dans la suite les changemens qu’elle peut occasionner. Une autre qui ne laisse pas de produire son effet, sont les mœurs ou la manière de vivre; un peuple policé qui vit dans une certaine aisance, qui est accoûtumé à une vie réglée, douce & tranquille, qui par les soins d’un bon gouvernement est à l’abri d’une certaine misère, & ne peut manquer des choses de première nécessité, sera par cette seule raison composé d’hommes plus forts, plus beaux & mieux faits qu’une
a Voyez le voyage d’un Ambassadeur de l’Empereur Léopold au Czar Michaelowits. Leyde, 1688, page 220.
b Voyez les nouveaux mémoires sur l’état de la grande Russie. Paris, 1725, Tome II, page 64.
nation |
are tall, robust, and of a lively and florid
complexion; that the women are likewise very fair, well made, and
exceedingly prolific. Before the
reign of Czar Peter I. we are told, the Muscovites had not emerged
from barbarism. Born in slavery, they were ignorant, brutal, cruel,
without courage and without manners. Men and women bathed
promiscuously in stoves heated to a degree intolerable to all
persons but themselves; and on quitting this warm bath they plunged,
like the Laplanders, into cold water. Their food was homely; and
their favourite dishes were cucumbers or melons, brought from
Astracan, which in summer they preserved in a mixture of water,
flour, and salt. From ridiculous scruples they refrained from the
use of several meats, particularly pigeons and veal. Yet even at
this period of unrefinement, the women were skilled in the arts of
colouring their cheeks, plucking out their eye-brows, and painting
artificial ones. They also adorned themselves with pearls and
jewels, and their garments were made of rich and valuable stuffs.
From these circumstances does it not appear, that the barbarism of
the Muscovites was near a close, and that their sovereign had
less |
nation sauvage & indépendante, où chaque individu ne tirant aucun secours de la société, est obligé de pourvoir à sa subsistance, de souffrir alternativement la faim ou les excès d’une nourriture souvent mauvaise, de s’épuiser de travaux ou de lassitude, d’éprouver les rigueurs du climat sans pouvoir s’en garantir, d’agir en un mot plus souvent comme animal que comme homme. En supposant ces deux différens peuples sous un même climat, on peut croire que les hommes de la nation sauvage seroient plus basanez, plus laids, plus petits, plus ridez que ceux de la nation policée. S’ils avoient quelque avantage sur ceux-ci, ce seroit par la force ou plûtôt par la dureté de leur corps, il pourroit se faire aussi qu’il y eût dans cette nation sauvage beaucoup moins de bossus, de boiteux, de sourds, de louches, &c. Ces hommes défectueux vivent & même se multiplient dans une nation policée où l’on se supporte les uns les autres, où le fort ne peut rien contre le foible, où les qualités du corps font beaucoup moins que celles de l’esprit; mais dans un peuple sauvage, comme chaque individu ne subsiste, ne vit, ne se défend que par ses qualités corporelles, son adresse & sa force, ceux qui sont malheureusement nez foibles, défectueux ou qui deviennent incommodez, cessent bien-tôt de faire partie de la nation.
J’admettrois donc trois causes qui toutes trois concourent à produire les variétés que nous remarquons dans les différens peuples de la terre. La première est l’influence du climat, la seconde, qui tient beaucoup à la première, est la nourriture, & la troisième, qui tient peut-être encore
plus |
less trouble in polishing them than some authors
have endeavoured to insinuate? They are now a people civilized,
commercial, studious of the arts and sciences, fond of spectacles,
and ingenious novelties. Some
authors have said that the air of Muscovy is so salutary, as to
prevent its being visited with a pestilence. In the annals of the
country, however, it is recorded, that in the year 1741, and during
the six subsequent years, the Muscovites were dreadfully afflicted
with a contagious distemper, insomuch that even the constitution of
their descendants has been altered by it; few of the inhabitants
attaining now the age of an 100, whereas before that period numbers
lived much beyond it. The Ingrians
and Carelians, who inhabit the northern provinces of Muscovy, and
are the original natives of the country round Petersburg, are men of
vigour and robust constitutions. Their complexion is generally fair;
they resemble the Finlanders, and speak the same language, which has
no affinity to that of any other European
nation. By this historical
description of all the different inhabitants of Europe and Asia, it
appears that the variation in their colour depend
greatly |
plus à la première & à la seconde, sont les mœurs; mais avant que d’exposer les raisons sur lesquelles nous croyons devoir fonder cette opinion, il est nécessaire de donner la description des peuples de l’Afrique & de l’Amérique, comme nous avons donné celle des autres peuples de la terre.
Nous avons déjà parlé des nations de toute la partie septentrionale de l’Afrique, depuis la mer méditerranée jusqu’au tropique; tous ceux qui sont au delà du tropique depuis la mer rouge jusqu’à l’océan, sur une largeur d’environ cent ou cent cinquante lieues, sont encore des espèces de Maures, mais si basanez qu’ils paroissent presque tout noirs, les hommes sur-tout sont extrêmement bruns, les femmes sont un peu plus blanches, bien faites & assez belles; il y a parmi ces Maures une grande quantité de Mulâtres qui sont encore plus noirs qu’eux, parce qu’ils ont pour mères des Négresses que les Maures achettent & desquelles ils ne laissent pas d’avoir beaucoup d’enfans*. Au delà de cette étendue de terrein, sous le 17me ou 18me degré de latitude nord & au même parallèle on trouve les Nègres du Sénégal & ceux de la Nubie, les uns sur la mer océane & les autres sur la mer rouge; & ensuite tous les autres peuples de l’Afrique qui habitent depuis ce 18me degré de latitude nord jusqu’au 18me degré latitude sud, sont noirs, à l’exception des Éthiopiens ou Abyssins: il paroît donc que la portion du globe qui est départie par la Nature à cette race
* Voyez l’Afrique de Marmol. Tome III, page 29 & 33.
d’hommes, |
greatly, though not entirely, on the climates.
There are many other causes, by which not only the colour, but even
the form and features may be influenced; and among the principal may
be reckoned the nature of the food, and the manners, or mode of
living. A civilized people, who enjoy a life of ease and
tranquillity, and who, by the superintendence of a well regulated
government, are protected from the fear and oppression of misery,
will, from these reasons alone, be more handsome and vigorous than
those of a savage and careless nation, of which each individual,
deriving no assistance from society, is obliged to provide for his
own subsistence, to sustain alternately the excesses of hunger and
the effects of unwholesome food; to be alternately exhausted with
labour and lassitude; and to undergo the rigours of a severe
climate, without being able to shelter himself from them; to act, in
a word, more frequently like an animal than a man. In the
supposition that two nations, thus differently circumstanced, were
even to live in the same climate, there can be no doubt but that the
savage people would be more ugly, tawny, diminutive, and more
wrinkled, than those enjoying civilized society. Should the
former |
d’hommes, est une étendue de terrein parallèle à l’équateur, d’environ neuf cens lieues de largeur sur une longueur bien plus grande, sur-tout au nord de l’équateur; & au delà des 18 ou 20 degrés de latitude sud les hommes ne sont plus des Nègres, comme nous le dirons en parlant des Caffres & des Hottentots.
On a été long-temps dans l’erreur au sujet de la couleur & des traits du visage des Éthiopiens, parce qu’on les a confondus avec les Nubiens leurs voisins, qui sont cependant d’une race différente. Marmol dit que les Éthiopiens sont absolument noirs, qu’ils ont le visage large & le nez plata; les voyageurs Hollandois disent la même choseb, cependant la vérité est qu’ils sont différens des Nubiens par la couleur & par les traits: la couleur naturelle des Éthiopiens est brune ou olivâtre, comme celle ces Arabes méridionaux, desquels ils ont probablement tiré leur origine. Ils ont la taille haute, les traits du visage bien marquez, les yeux beaux & bien fendus, le nez bien fait, les lèvres petites, & les dents blanches; au lieu que les habitans de la Nubie ont le nez écrasé, les lèvres grosses & épaisses, & le visage fort noirc. Ces Nubiens, aussi-bien que les Barberins leurs voisins du côté de l’occident, sont des espèces de Nègres, assez semblables à ceux du Sénégal.
  Les Éthiopiens sont un peuple à demi-policé, leurs
a Voyez l’Afrique de Marmol. Tome III, page 68 & 69.
b V. le recueil des voyages de la Comp. des Indes de Holl. T. IV. p. 33.
c Voyez les Lettres édifiantes. Recueil IV, page 349.
vêtemens | |