[ pp. 190-209 ] [ pp. 210-229 ] [ pp. 230-249 ] [ pp. 250-269 ] [ pp. 270-289 ] [ pp. 290-309 ] [ pp. 310-329 ] [ pp. 330-352]
"Of the Varieties in the Human Species," Barr's Buffon, transcribed by Dr. Meijer, pp. 270-289.

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270 BUFFON’S

former possess any advantage, it would consist in the superior strength, or rather hardiness of the body. It might likewise happen that among the savage people there would be fewer instances of lameness or bodily deformities; for in a civilized state, where one individual contributes to the support of another, where the strong has no power over the weak, where the qualities of the body are less esteemed than those of the mind, men thus defective live and even multiply; but among a savage people, as each individual subsists and defends himself merely by his corporal strength and address, those who are unhappily born weak and defective, or who become sick or disabled, soon cease to form a part of their number.
     We must then admit of three causes as jointly productive of the varieties which we have remarked in the different nations of the earth. First, the influence of the climate; secondly, the food; and thirdly, the manners; the two last having great dependence on the former. But before we lay down the reasons on which this opinion is founded, it is necessary to describe the people of Africa and America in the same manner as we have those of Europe and Asia.

The

450 HISTOIRE NATURELLE

vêtemens sont de toile de coton, & les plus riches en ont de soie, leurs maisons sont basses & mal bâties, leurs terres sont fort mal cultivées, parce que les nobles méprisent, maltraitent & dépouillent, autant qu’ils le peuvent, les bourgeois & les gens du peuple; ils demeurent cependant séparément les uns des autres dans des bourgades ou des hameaux différens, la noblesse dans les uns, la bourgeoisie dans les autres, & les gens du peuple encore dans d’autres endroits. Ils manquent de sel & ils l’achettent au poids de l’or, ils aiment assez la viande crue, & dans les festins le second service, qu’ils regardent comme le plus délicat, est en effet de viandes crues; ils ne boivent point de vin, quoiqu’ils aient des vignes, leurs boisson ordinaire est faite avec des Tamarins & a un goût aigrelet. Ils se servent de chevaux pour voyager & de mulets pour porter leurs marchandises; ils ont très-peu de connoissance des sciences & des arts, car leur langue n’a aucune règle, & leur manière d’écrire est très-peu perfectionnée, il leur faut plusieurs jours pour écrire une lettre, quoique leurs caractères soient plus beaux que ceux des Arabesa. Ils ont une manière singulière de saluer, ils se prennent la main droite les uns aux autres & se la portent mutuellement à la bouche, ils prennent aussi l’écharpe de celui qu’ils saluent & ils se l’attachent autour de corps, de sorte que ceux qu’on salue demeurent à moitié nuds, car la plûpart ne portent que cette écharpe avec un caleçon de cotonb.

a V. le recueil des voyages de la Comp. des Indes de Holl. T. IV, p. 34.
b Voyez les Lettres édifiantes. Recueil IV, page 349.

On

NATURAL HISTORY. 271

     The nations of the whole northern part of Africa, from the Mediterranean to the Tropic, we have already mentioned. All those beyond the Tropic, from the Red Sea to the Ocean, an extent of 100 or 150 leagues, are of the Moorish species, though so tawny that they appear almost black. The women are rather fairer than the men, and tolerably handsome. Among these Moors there is a vast number of mulattoes, who are of a black still more deep, their mothers being negro women, whom the Moors purchase, and by whom they have a number of children.
     Beyond this territory, in the 17th or 18th degree of north latitude, we find the negroes of Senegal and Nubia, both on the coast of the western ocean and that of the Red Sea; and after them all the other nations of Africa, from the 18th degree north to the 18th degree south latitude, are perfectly black, the Ethiopians or Abyssinians excepted. The portion of the globe by Nature allotted to this race of men, therefore, contains an extent of ground, parallel to the equator, of about 900 leagues in breadth, and considerably more in length, especially northward of the equinoctial line. Beyond the 18th or 20th degree of south

latitude

DE L’HOMME451

     On trouve dans la relation du voyage autour du monde, de l’Amiral Drack, un fait qui, quoique très-extraordinaire, ne me paroît pas incroyable; il y a, dit ce voyageur, sur les frontières des déserts de l’Éthiopie un peuple qu’on a appellé Acridophages, ou mangeurs de sauterelles, ils sont noirs, maigres, très-légers à la course & plus petits que les autres. Au printemps certains vents chauds qui viennent de l’occident, leur amènent un nombre infini de sauterelles, comme ils n’ont ni bétail ni poisson, ils sont réduits à vivre de ces sauterelles qu’ils ramassent en grande quantité, ils les saupoudrent de sel & ils les gardent pour se nourrir pendant toute l’année; cette mauvaise nourriture produit deux effets singuliers, le premier est qu’ils vivent à peine jusqu’à l’âge de quarante ans, & le second c’est que lorsqu’ils approchent de cet âge il s’engendre dans leur chair des insectes aîlez qui d’abord leur causent une demangeaison vive, & se multiplient en si grand nombre qu’en très-peu de temps toute leur chair en fourmille; ils commencent par leur manger le ventre, ensuite la poitrine & les rongent jusqu’aux os, en sorte que tous ces hommes qui ne se nourrissent que d’insectes, sont à leur tour mangez par des insectes. Si ce fait étoit bien avéré, il fourniroit matière à d’amples réflexions.
     Il y a de vastes déserts de fable en Éthiopie, & dans cette grande pointe de terre qui s’étend jusqu’au Cap-Gardafu. Ce pays qu’on peut regarder comme la partie orientale de l’Éthiopie, est presqu’entiérement inhabité; au

midi

272 BUFFON’S

latitude the natives are no longer negroes, as will appear when we come to speak of the Caffres and Hottentots.
     By confounding the Ethiopians with their neighbours the Nubians, who are nevertheless of a different race, we have been long in an error with respect to their colour and features. Marmol says, the Ethiopians are absolutely black, that they have large faces and flat noses, and in this description the Dutch travellers agree. The truth, however, is, that they differ from the Nubians both in colour and features. The skin of the Ethiopians is brown or olive-coloured, like that of the southern Arabs, from whom probably they derive their origin. They are tall, have regular features, strongly marked; their eyes are large and beautiful; their noses well proportioned; their lips thin, and their teeth white. The Nubians, on the contrary, have flat noses, thick and prominent lips, and their faces exceedingly black. These Nubians, as well as the Barberins, their western neighbours, are a species of negroes not unlike those of Senegal.
     The Ethiopians are a people between barbarism and civilization. Their garments are of cotton or silk. Their houses are low, and

of

452 HISTOIRE NATURELLE

midi l’Éthiopie est bornée par les Bédouins, & par quelques autres peuples qui suivent la loi Mahométane, ce qui prouve encore que les Éthiopiens sont originaires d’Arabie, ils n’en sont en effet séparez que le détroit de Babel-Mandel, il est donc assez probable que les Arabes auront autrefois envahi l’Éthiopie & qu’ils en auront chassé les naturels du pays qui auront été forcez de se retirer vers le nord dans la Nubie. Ces Arabes se sont même étendus le long de la côte de Mélinde, car les habitans de cette côte ne sont que basanez & ils sont Mahométans de religiona. Ils ne sont pas non plus tout-à-fait noirs dans le Zanguebar, la plûpart parlent Arabe & sont vêtus de toile de coton. Ce pays d’ailleurs, quoique dans la zone torride, n’est pas excessivement chaud, cependant les naturels ont les cheveux noirs & crépus comme les Nègresb; on trouve même sur toute cette côte, aussi-bien qu’à Mosambique & à Madagascar, quelques hommes blancs, qui sont, à ce qu’on prétend, Chinois d’origine, & qui s’y sont habituez dans le temps que les Chinois voyageoient dans toutes les mers de l’orient, comme les Européens y voyagent aujourd’hui; quoi qu’il en soit de cette opinion qui me paroît hasardée, il est certain que les naturels de cette côte orientale de l’Afrique sont noirs d’origine, & que les hommes basanez ou blancs qu’on y trouve, viennent d’ailleurs. Mais pour se former

a Voyez Indiæ Orientalis partem primam, per Philipp. Pigafettam. Francofurti, 1598. page 56.
b Voyez l’Afrique de Marmol. page 107.

une

NATURAL HISTORY. 273

of a bad construction; their lands are wretchedly neglected, owing to their nobles, who despise, maltreat, and plunder the citizens and common people. Each of these classes live separate from the other, and have their own villages or hamlets. Unprovided with salt, they purchase it for its weight in gold. So fond are they of raw meat that, at their feasts, the second course, which they consider as the most delicate, consists of flesh entirely so. Though they have vines they make no wine; and their usual beverage is a sour composition made with tamarinds. They use horses for travelling, and mules for carrying their merchandize. Of the arts or sciences they have little knowledge; their language is without rules; and their manner of writing, though their characters are more beautiful than those of the Arabians, is so imperfect, that, to write an epistle, they require several days. Their mode of salutation is something whimsical. Each takes the right hand of the other, and carries it to his mouth; this done, the saluter takes off the scarf of the person saluted, and fastens it round his own body, by which the latter is left half naked, few of the Ethiopians wearing any thing more than this scarf and a pair of cotton drawers.

In

DE L’HOMME453

une idée juste des différences qui se trouvent entre ces peuples noirs, il est nécessaire de les examiner plus particulièrement.
     Il paroît d’abord, en rassemblant les témoignages des voyageurs, qu’il y a autant de variétés dans la race des noirs que dans celle des blancs; les noirs ont, comme les blancs, leurs Tartares & leurs Circassiens, ceux de Guinée sont extrêmement laids & ont une odeur insupportable, ceux de Soffala & de Mosambique sont beaux & n’ont aucune mauvaise odeur. Il est donc nécessaire de diviser les noirs en différentes races, & il me semble qu’on peut les réduire à deux principales, celle des Nègres & celle des Caffres; dans la première je comprends les noirs de Nubie, du Sénégal, du Cap-verd, de Gambie, de Sierra-liona, de la côte des Dents, de la côte d’Or, de celle de Juda, de Bénin, de Gabon, de Lowango, de Congo, d’Angola & de Benguela jusqu’au Cap-nègre; dans la seconde je mets les peuples qui sont au delà du Cap-nègre jusqu’à la pointe de l’Afrique, où ils prennent le nom de Hottentots, & aussi tous les peuples de la côte orientale de l’Afrique, comme ceux de la terre de Natal, de Soffala, du Monomotapa, de Mosambique, de Mélinde; les noirs de Madagascar & des isles voisines seront aussi des Caffres & non pas des Nègres. Ces deux espèces d’hommes noirs se ressemblent plus par la couleur que par les traits du visage, leurs cheveux, leur peau, l’odeur de leur corps, leurs mœurs & leur naturel sont aussi très-différens.

Ensuite

274 BUFFON’S

     In Admiral Drake’s voyage round the world, he mentions a fact, which, however, extraordinary, appears not incredible. He says that on the frontiers of the deserts of Ethiopia there is a people called the Acridophagi, or Locust-eaters, who are black, meagre, exceedingly nimble, and very small. In the spring, by certain hot and westerly winds, an infinite number of locusts are blown into that country, on which, as they are unprovided with cattle or with fish, they are reduced to the necessity of subsisting. After collecting them in large quantities they salt them, and keep them for food throughout the year. This wretched nourishment produces singular effects: they hardly live to the age of 40, and when they approach that age winged insects engender under their skin, which at first creates a violent itching, and shortly multiply so prodigiously, that their whole flesh swarms with them. They begin by eating through the belly, then the breast, and continue their ravages till they eat all the flesh from the bones. Thus, by devouring insects are these men devoured by them in turn. Were this fact well authenticated it would afford a large field for reflection.

There

454 HISTOIRE NATURELLE

     Ensuite en examinant en particulier les différens peuples qui composent chacune de ces races noires, nous y verrons autant de variétés que dans les races blanches, & nous y trouverons toutes les nuances du brun au noir, comme nous avons trouvé dans les races blanches toutes les nuances du brun au blanc.
     Commençons donc par les pays qui sont au nord du Sénégal, & en suivant toutes les côtes de l’Afrique, considérons tous les différens peuples que les voyageurs ont reconnus, & desquels ils ont donné quelque description: d’abord il est certain que les naturels des isles Canaries ne sont pas des Nègres, puisque les voyageurs assurent que les anciens habitans de ces isles étoient bien faits, d’une belle taille, d’une forte complexion; que des femmes étoient belles & avoient les cheveux fort beaux & fort fins, & que ceux qui habitoient la partie méridionale de chacune de ces isles, étoient plus olivâtres que ceux qui demeuroient dans la partie septentrionalea. Duret, page 72 de la relation de son voyage à Lima, nous apprend que les anciens habitans de l’isle de Ténériffe étoient une nation robuste & de haute taille, mais maigre & basanée, que la plûpart avoient le nez platb. Ces peuples, comme l’on voit, n’ont rien de commun avec les Nègres, si ce n’est le nez plat; ceux qui habitent dans le

a Voyez l’histoire de la première découverte des Canaries, par Bontier & Jean le Verrière. Paris, 1630, page 251.
b Voyez l’histoire générale des voyages, par M. l’Abbé Prevôt. Paris, 1746, Tome II, page 230.

continent

NATURAL HISTORY. 275

     There are vast deserts in Ethiopia, as well as in that tract of land which extends to Cape Gardafu. This country, which may be considered as the eastern part of Ethiopia, is almost entirely uninhabited. To the south, Ethiopia is bounded by the Bediouns, and a few other nations who follow the law of Mahomet; a circumstance which corroborates the supposition, that the Ethiopians are of Arabian extraction; indeed they are only separated by the strait of Babel-Mandel; and therefore it is probably, that the Arabians had formerly invaded Ethiopia, and driven the natives northward into Nubia.
     The Arabians have even extended themselves along the coast of Melinda, of which the inhabitants are of the Mahometan religion, and only a tawny complexion. The natives of Zanguebar, are not black; they generally speak Arabic, and their garments are made of cotton. This country, though under the torrid zone, is not excessively hot; and yet the hair of the natives is black and frizly like that of the Negroes. We find, on the whole of this coast, as well as at Mozambique and Madagascar, some white men, who, it is pretended came originally from China, and settled there,

in

DE L’HOMME 455

continent de l’Afrique à la même hauteur de ces isles, sont des Maures assez basanez, mais qui appartiennent, aussi-bien que ces Insulaires, à la races des blancs.
     Les habitans du Cap-Blanc sont encore des Maures qui suivent la loi Mahométane, ils ne demeurent pas long-temps dans un même lieu, ils sont errans, comme les Arabes, de place en place, selon les pâturages qu’ils y trouvent pour leur bétail dont le lait leur sert de nourriture, ils ont des chevaux, des chameaux, des bœufs, des chèvres, des moutons, ils commercent avec les Nègres qui donnent huit ou dix esclaves pour un cheval, & deux ou trois pour un chameaua; c’est de ces Maures que nous tirons la gomme arabique, ils en font dissoudre dans le lait dont ils se nourrissent, ils ne mangent que très-rarement de la viande, & ils ne tuent guère leurs bestiaux que quand ils les voient près de mourir de vieillesse ou de maladieb.
      Ces Maures s’étendent jusqu’à la rivière du Sénégal qui les sépare d’avec les Nègres; les Maures, comme nous venons de le dire, ne sont que basanez, ils habitent au nord du fleuve, les Nègres sont au midi & sont absolument noirs; les Maures sont errans dans la campagne, les Nègres sont sédentaires & habitent dans des villages; les premiers sont libres & indépendans, les seconds ont des Rois qui les tyrannisent & dont ils sont esclaves; les

a Voyez le voyage du sieur de Maire sous M. Dancourt. Paris, 1695, page 46 & 47.
b Idem, page 66.

Maures

276 BUFFON’S

in the time that the Chinese navigated all the Eastern seas, in the same manner as they are now navigated by the Europeans. Whatever foundation there may be for this opinion, it is certain that the natives of this oriental coast of Africa are black, and that the tawny or white men we find there, have come from other countries. But, to form a just idea of the differences among these black nations, we should examine them more minutely.
     In the first place, it is evident, from comparing the descriptions given by travellers, that there is as much variety in the race of blacks as in that of the whites; and that, like the latter, the former have their Tartars and their Circassians. Those of Guinea are extremely ugly, and have an insufferable stench; those of Sofala, and Mosambique, are handsome, and have no bad smell. It is necessary, then, to divide the blacks into different races; and in my opinion, they may be reduced to two principal ones, that of the Negroes, and that of the Caffres. In the first I comprehend the blacks of Nubia, Senegal, Cape de Verd, Gambia, Sierra-Leone, the Teeth and Gold Coasts, of the coast of Juda, Benin, Gabon, Loango, Congo, Angola, and of Benguela,

till

456 HISTOIRE NATURELLE

Maures sont assez petits, maigres & de mauvaise mine avec de l’esprit & de la finesse; les Nègres au contraire sont grands, gros, bien faits, mais niais & sans génie; enfin le pays habité par les Maures n’est que du sable si stérile qu’on n’y trouve de la verdure qu’en très-peu d’endroits, au lieu que le pays des Nègres est gras, fécond en pâturages, en millet & en arbres toûjours verds, qui à la vérité ne portent presque aucun fruit bon à manger.
      On trouve en quelques endroits, au nord & au midi du fleuve, une espèce d’hommes qu’on appelle Foules, qui semblent faire la nuance entre les Maures & les Nègres, & qui pourroient bien n’être que des Mulâtres produits par le mélange des deux nations; ces Foules ne sont pas tout-à-fait noirs comme les Nègres, mais ils sont bien plus bruns que les Maures & tiennent le milieu entre les deux, ils sont aussi plus civilisez que les Nègres, ils suivent la loi de Mahomet comme les Maures, & reçoivent assez bien les étrangers*.
      Les isles du Cap-verd sont de même toutes peuplées de Mulâtres venus des premiers Portugais qui s’y établirent, & des Nègres qu’ils y trouvèrent, on les appelle Nègres couleur de cuivre, parce qu’en effet, quoiqu’ils ressemblent assez aux Nègres par les traits, ils sont cependant moins noirs, ou plûtôt ils sont jaunâtres; au reste ils sont bien faits & spirituels, mais fort paresseux; ils ne

* Voyez le voyage du sieur le Maire sous M. Dancourt. Paris, 1695, page 75. Voyez aussi l’Afrique de Marmol. Tome I, page 34.

vivent,

NATURAL HISTORY. 277

till we come to Cape-Negro. In the second I place the inhabitants beyond Cape-Negro to the point of Africa, where they assume the name of Hottentots; as also all those of the eastern coast of Africa, such as those of the land of Natal, Sofala, Monomotapa, Mosambique, and of Melinda; the blacks of Madagascar, and the neighbouring islands, are likewise Caffres and not Negroes. These two races of black men resemble each other more in colour than in their features, hair, skin, or smell. In their manners and disposition there is also a prodigious difference.
     When we come particularly to examine the different people of which these races are composed; we shall perceive as many varieties among the blacks as the whites; and all the shades from brown to black, as we have already remarked from brown to fair in the white races.
     Let us begin, then, with the countries northward of Senegal, and, in proceeding along the coasts, take a view of all the different tribes which travellers have discovered and described. In the first place it is certain that the natives of the Canary islands are not

Negroes;

DE L’HOMME457

vivent, pour ainsi dire, que de chasse & de pêche, ils dressent leurs chiens à chasser & à prendre les chèvres sauvages, ils font part de leurs femmes & de leurs filles aux étrangers, pour peu qu’ils veuillent les payer, ils donnent aussi pour des épingles ou d’autres choses de pareille valeur, de fort beaux perroquets très-faciles à apprivoiser, de belles coquilles, appellées Porcelaines, & même de l’ambre-gris, &c.*
     Les premiers Nègres qu’on trouve, sont donc ceux qui habitent le bord méridional du Sénégal; ces peuples, aussi-bien que ceux qui occupent toutes les terres comprises entre cette rivière & celle de Gambie, s’appellent Jalofes, ils sont tous fort noirs, bien proportionnez, & d’une taille assez avantageuse, les traits de leur visage sont moins durs que ceux des autres Nègres; il y en a, sur-tout des femmes, qui ont les traits fort réguliers, ils ont aussi les mêmes idées que nous de la beauté, car ils veulent de beaux yeux, une petite bouche, des lèvres proportionnées, & un nez bien fait, il n’y a que sur le fond du tableau qu’ils pensent différemment, il faut que la couleur soit très-noire & très-luisante, ils ont aussi la peau très-fine & très-douce, & il y a parmi eux d’aussi belles femmes, à la couleur près, que dans aucun autre pays du monde, elles sont ordinairement très-bien faites, très-gaies, très-vives & très-portées à l’amour, elles ont du goût pour tous les hommes, &

* Voyez les voyages de Roberts, page 387. ceux de Jean Struys, Tome I, page 11. & ceux d’Innigo de Biervillas, page 15.

particulièrement

278 BUFFON’S

Negroes; since from authentic information it appears, that the ancient inhabitants were tall, well-made, and of a becoming complexion; that the women were handsome, and had remarkable fine hair; and that those who occupied the southern parts were more of an olive colour than those in the northern. In the relation of his voyage to Lima, Duret remarks, that the ancient inhabitants of the island of Teneriffe were tall and vigorous, though meagre and tawny, and that most of them had flat noses. Excepting the flat nose, therefore, these people had nothing in common with the Negroes. The natives of Africa in the same latitude with these islands, are Moors, and very tawny, but who belong, as well as the islanders, to the race of whites.
     The inhabitants of Cape-Blanc are Moors, who follow the law of Mahomet, and who wander about, like the Arabians, in quest of pasture for their horses, camels, oxen, goats, and sheep. The Negroes, with whom they traffic, give them eight or ten slaves for a horse, and two or three for a camel. It is from these Moors, that we procure gum-arabic, which they dissolve in their milk. They

scarcely

458 HISTOIRE NATURELLE

particulièrement pour les blancs qu’elles cherchent avec empressement, tant pour se satisfaire, que pour en obtenir quelque présent; leurs maris ne s’opposent point à leur penchant pour les étrangers, & ils n’en sont jaloux que quand elles ont commerce avec des hommes de leur nation, ils se battent même souvent à ce sujet à coups de sabre ou de couteau, au lieu qu’ils offrent souvent aux étrangers leurs femmes, leurs filles ou leurs sœurs, & tiennent à honneur de n’être pas refusez. Au reste, ces femmes ont toûjours la pipe à la bouche, & leur peau ne laisse pas d’avoir aussi une odeur désagréable lorsqu’elles sont échauffées, quoique l’odeur de ces Nègres du Sénégal soit beaucoup moins forte que celle des autres Nègres; elles aiment beaucoup à sauter & à danser au bruit d’une calebasse, d’un tambour ou d’un chaudron, tous les mouvemens de leurs danses sont autant de postures lascives & de gestes indécens; elles se baignent souvent & elles se liment les dents pour les rendre plus égales; la plûpart des filles avant que de se marier se font découper & broder la peau de différentes figures d’animaux, de fleurs, &c.
     Les Nègresses portent presque toûjours leurs petits enfans sur le dos pendant qu’elles travaillent; quelques voyageurs prétendent que c’est par cette raison que les Nègres ont communément le ventre gros & le nez applati; la mère en se haussant & baissant par secousses, fait donner du nez contre son dos à l’enfant, qui pour éviter le coup, se retire en arrière autant qu’il le peut, en avançant

le

NATURAL HISTORY. 279

scarcely ever eat any meat, and never destroy their cattle, unless dying of sickness, or old age.
     The Moors are separated from the Negroes by the river Senegal; they live on the northside, and are only tawny; but the Negroes who reside on the south, are absolutely black. The Moors lead an erratic life, while the Negroes occupy villages; the former are free and independent; the latter have tyrants who hold them in slavery; the Moors are short, meagre, of a disagreeable aspect, but ingenious and subtle; the Negroes are tall, bulky, and well made, but simple and stupid. The country inhabited by Moors is sandy and sterile, where verdure is to be seen in a very few places; that inhabited by the Negroes, is rich, abounding in pasturage, in millet, and in trees always green, though few bear any fruit fit for food.
     In some places both to the north and south of the river we find a species of men called Foulies, who seem to form a shade between the Moors and Negroes, and whom, it is possible, are Mulattoes produced by a coalition of the two nations. These Foulies are not black like the Negroes, yet darker than the

Moors;

DE L’HOMME459

le ventre*. Ils ont tous les cheveux noirs & crépus comme de la laine frisée; c’est aussi par les cheveux & par la couleur qu’ils diffèrent principalement des autres hommes, car leurs traits ne sont peut-être pas si différens de ceux des Européens que le visage Tartare l’est du visage François. Le Père du Tertre dit expressément que si presque tous les Nègres sont camus, c’est parce que les pères & mères écrasent le nez à leurs enfans, qu’ils leur pressent aussi les lèvres pour les rendre plus grosses, & que ceux auxquels on ne fait ni l’une ni l’autre de ces opérations, ont les traits du visage aussi beaux, le nez aussi élevé, & les lèvres aussi minces que les Européens; cependant ceci ne doit s’entendre que des Nègres du Sénégal, qui sont de tous les Nègres les plus beaux & les mieux faits, & il paroît que dans presque tous les autres peuples Nègres, les grosses lèvres & le nez large & épaté sont des traits donnez par la Nature, qui ont servi de modèle à l’art qui est chez eux en usage d’applatir le nez & de grossir les lèvres à ceux qui sont nez avec cette perfection de moins.
     Les Nègresses sont fort fécondes & accouchent avec beaucoup de facilité & sans aucun secours, les suites de leurs couches ne sont point fâcheuses, & il ne leur faut

* Voyez le voyage du sieur le Maire sous M. Dancourt. Paris, 1695, page 144 jusqu’à 155. Voyez aussi la troisième partie de l’histoire des choses mémorables advenues aux Indes, &c. par le Père du Jaric. Bordeaux, 1614, page 364. Et l’histoire des Antilles par le Père du Tertre. Paris, 1667, page 493 jusqu’à 537.

qu’un

280 BUFFON’S

Moors; they are also more civilized than the former; they follow the laws of Mahomet, and are hospitable to strangers.
     The islands of Cape de Verd are peopled with Mulattoes, descended from the Portuguese, who first settled there, and the original Negro-inhabitants. They are called copper-coloured Negroes, because, though they resemble the Negroes in their features, they are yet more of a yellow than black; they are well-made, ingenious, but intolerably indolent. By hunting and fishing they chiefly subsist, and they train up their dogs to hunt the wild goats. They freely resign their wives and daughters to the embraces of strangers for the smallest consideration. For pins and other trifles they will exchange parrots, porcelain shells, amber-gris, &c.
     The first Negroes we meet with are those on the south of the Senegal. These people, as well as those who occupy the different territories between this river and that of Gambia, are called Jaloffs. They are tall, very black, well proportioned, and their features are less harsh than those of the other Negroes; some of them, especially among the females, have features far from being irregular. They have

the

460 HISTOIRE NATURELLE

qu’un jour ou deux de repos pour se rétablir, elles sont très-bonnes nourrices, & elles ont une très-grande tendresse pour leurs enfans, elles sont aussi beaucoup plus spirituelles & plus adroites que les hommes, elles cherchent même à se donner des vertus, comme celles de la discrétion & de la tempérance. Le Père du Jaric dit que pour s’accoûtumer à manger & parler peu, les Nègresses Jalofes prennent de l’eau le matin & la tiennent dans leur bouche pendant tout le temps qu’elles s’occupent à leurs affaires domestiques, & qu’elles ne la rejettent que quand l’heure du premier repas est arrivée*.
     Les Nègres de l’isle de Gorée & de la côte du Cap-verd, sont, comme ceux du bord du Sénégal, bien faits & très-noirs, ils font un si grand cas de leur couleur, qui est en effet d’un noir d’ébène profound & éclatant, qu’ils méprisent les autres Nègres qui ne sont pas si noirs, comme les Blancs méprisent les basanez; quoiqu’ils soient forts & robustes, ils sont très-paresseux, ils n’ont point de bled, point de vin, point de fruits, ils ne vivent que de poisson & de millet, ils ne mangent que très-rarement de la viande, & quoiqu’ils aient fort peu de mets à choisir, ils ne veulent point manger d’herbes, & ils comparent les Européens aux chevaux parce qu’ils mangent de l’herbe; au reste ils aiment passionnément l’eau de vie, dont ils s’enivrent souvent, ils vendent leurs enfans, leurs parens, & quelquefois ils se vendent eux-mêmes pour

* Voyez la troisième partie de l’histoire par le Père du Jaric page 365.

en

NATURAL HISTORY. 281

the same ideas of beauty as the Europeans, considering fine eyes, a well formed nose, small mouth, and thin lips, as essential ingredients; in the ground of the picture alone do they differ from us; for, with them, the colour must be exceedingly black and glossy to render it complete. Their skin is soft and delicate, and, colour alone excepted, we find among them, women as handsome as in any other country of the world, they are usually very gay, lively, and amorous. They are very fond of white men whom they exert every assiduity to please, both to gratify themselves, and to obtain presents which may flatter their vanity. To their predilection for strangers the husbands make not the smallest opposition, (to whom indeed, they not only make a free offer of their wives, daughters, or sisters, but even construe it into a dishonour, if that offer is rejected) but undergo all the violent effects of jealousy, if they detect them with any of their own nation. These women are never without a pipe in their mouths, and their skin, when they undergo any extraordinary heat, has a disagreeable smell, though by no means so strong as that of other negroes. They are highly fond of leaping and dancing to the sound of a calabash, drum, or kettle; and

all

DE L’HOMME461

en avoira. Ils vont presque nuds, leur vêtement ne consiste que dans une toile de coton qui les couvre depuis la ceinture jusqu’au milieu de la cuisse, c’est tout ce que la chaleur du pays leur permet, disent-ils, de porter sur euxb; la mauvaise chère qu’ils font & la pauvreté dans laquelle ils vivent, ne les empêchent pas d’être contens & très-gais, ils croient que leur pays est le meilleur & le plus beau climat de la terre, qu’ils sont eux-mêmes les plus beaux hommes de l’Univers, parce qu’ils sont les plus noirs, & si leurs femmes ne marquoient pas du goût pour les blancs ils en feroient fort peu de cas à cause de leur couleur.
     Quoique les Nègres de Sierra-Liona ne soient pas tout-à-fait aussi noirs que ceux du Sénégal, ils ne sont cependant pas, comme le dit Struys, Tome I. page 22, d’une couleur rousseâtre & basanée, il [sic] sont comme ceux de Guinée d’un noir un peu moins foncé que les premiers; ce qui a pû tromper ce voyageur, c’est que ces Nègres de Sierra Liona & de Guinée se peignent souvent tout le corps de rouge & d’autres couleurs, ils se peignent aussi le tour des yeux de blanc, de jaune, de rouge, & se font des marques & des raies de différentes couleurs sur le visage, ils se font aussi les uns & les autres déchiqueter la peau pour y imprimer des figures de bêtes ou de plantes; les femmes sont encore plus débauchées que celles du

a Voyez le voyage de M. de Gennes par M. Froger. Paris, 1698. page 15 & suivantes.
b Voyez les Lettres édifiantes. Recueil XI. pages 48 & 49.

Sénégal,

282 BUFFON’S

all the movements of their dances are so many lascivious or indecent postures. They frequently bathe; and to render their teeth even, they polish them with files. The generality of the young women have figures of animals, flowers, &c. marked upon their skin.
     While at work, or travelling, the Negro-women almost always carry their infants on their backs. To this custom some travellers ascribe the flat nose and big bellies among Negroes; since the mother, from necessarily giving sudden jerks, is apt to strike the nose of the child against her back; who, in order to avoid the blow, keeps its head back by pushing the belly forward. Their hair is black and woolly. In hair and in complexion, consists their principal difference from the rest of mankind; and, perhaps, there is a stronger resemblance between their features and those of the Europeans, than between the visage of a Tartar and that of a Frenchman.
     Father du Tertre says expressly, that, if most negroes are flat-nosed, it is because the parents crush the noses of their children; that they also compress their lips, to render them thick; and that those who escape these operations their features are as comely as those of

the

462 HISTOIRE NATURELLE

Sénégal, il y en a un très-grand nombre qui sont publiques, & cela ne les deshonore en aucune façon; ces Nègres, hommes & femmes, vont toûjours la tête découverte, ils se rasent ou se coupent les cheveux, qui sont fort courts, de plusieurs manières différentes, ils portent des pendans d’oreilles qui pèsent jusqu’à trois ou quatre onces, ces pendans d’oreilles sont des dents, des coquilles, des cornes, des morceaux de bois, &c. il y en a aussi qui se font percer la lèvre supérieure ou les narines pour y suspendre de pareils ornemens; leur vêtement consiste en une espèce de tablier fait d’écorce d’arbre & quelques peaux de singe qu’ils portent par dessus ce tablier, ils attachent à ces peaux des sonnailles semblables à celles que portent nos mulets; ils couchent sur des nattes de jonc, & ils mangent du poisson ou de la viande lorsqu’ils peuvent en avoir, mais leur principale nourriture sont des ignames & des bananes*. Ils n’ont aucun goût que celui des femmes & aucun desir que celui de ne rien faire, leurs maisons ne sont que de misérables chaumières, ils demeurent très-souvent dans des lieux sauvages, & dans des terres stériles, tandis qu’il ne tiendroit qu’à eux d’habiter de belles vallées, des collines agréables & couvertes d’arbres, & des campagnes vertes, fertiles & entrecoupées de rivières & de ruisseaux agréables, mais tout cela ne leur fait aucun plaisir, ils ont la même indifférence presque sur tout; les chemins qui conduisent d’un lieu à un autre

* Vide Indiæ Orientalis partem secundam, in qua Joannis Hugonis Linstcotani navigatio, &c. Francofurti, 1599. pag. 11 & 12.

sont

NATURAL HISTORY. 283

the Europeans. This remark, however, applies only to the negroes of Senegal, who, of all others, are the most beautiful. Among all other negroes, thick lips, broad and flat noses, appear formed as gifts by nature; and which are by them considered so much as beauties that every art is used upon the children who, at their birth, discover a deficiency in those ornaments.
     The Negro women are very fruitful; in child-birth they experience little difficulty, and require not the smallest assistance; nor of its effects do they feel any consequence beyond the second day. As nurses and mothers they deserve great encomiums, being exceedingly tender of their children. They are more ingenious and alert than the men, and they even study to acquire the virtues of discretion and temperance. Father Jaric says, that to habituate themselves to eat and speak little, the Jaloff negro women put water into their mouths in the morning, and keep it there till the hour allotted for the first meal arrives.
     The negroes of the island of Goree, and of the Cape de Verd coast, are, like those of Senegal, well made, and very black. So highly do they prize their colour, which is also glossy,

that

DE L’HOMME463

sont ordinairement deux fois plus longs qu’il ne faut, ils ne cherchent point à les rendre plus courts, & quoiqu’on leur en indique les moyens ils ne pensent jamais à passer par le plus court, ils suivent machinalement le chemin battua & se soucient si peu de perdre ou d’employer leur temps qu’ils ne le mesurent jamais.
     Quoique les Nègres de Guinée soient d’une santé ferme & très-bonne, rarement arrivent-ils cependant à une certaine vieillesse, un Nègre de cinquante ans est dans son pays un homme fort vieux, ils paroissent l’être dès l’âge de quarante; l’usage prématuré des femmes est peut-être la cause de la briéveté de leur vie; les enfans sont si débauchez & si peu contraints par les pères & mères que dès leur plus tendre jeunesse ils se livrent à tout ce que la Nature leur suggèreb; rien n’est si rare que de trouver dans ce peuple quelque fille qui puisse se souvenir du temps auquel elle a cessé d’être vierge.
     Les habitans de l’isle Saint-Thomas, de l’isle d’Anabon, &c. sont des Nègres semblables à ceux du continent voisin, ils y sont seulement en bien plus petit nombre, parce que les Européens les ont chassez & qu’ils n’ont gardé que ceux qu’ils ont réduits en esclavage. Ils vont nuds hommes & femmes à l’exception d’un petit tablier de cotonc. Mandelslo dit que les Européens qui se sont habituez ou qui s’habituent actuellement dans cette isle de

a Voyez le voyage de Guinée par Guill. Bosman. Utrecht, 1705. p. 143.
b Voyez idem, page 118.
c Voyez les voyages de Pyrard. page 16.

Saint-Thomas,

284 BUFFON’S

that they despise those who are not the same as much as white men despise the tawny. They are strong and robust, but indolent and slothful, and cultivate neither corn, wine, nor fruit. Rarely do they eat meat; fish and millet are their chief sustenance. They eat no herbs, and because Europeans do, they compare them to horses. Of spirituous liquors they are fond to an excess, and for which they will sell their relations, children, and even themselves. They go almost naked, wearing only a small piece of calico, which descends from the waist to the middle of the thigh, and which, they say, is all that the heat of their climate will allow them to wear. Notwithstanding their poverty, and wretchedness of food, they are contented and cheerful. They also think their country is the finest in the world, and that, because they are the blackest, they are the most beautiful of men; and were it not that their women discover a fondness for white men they would deem them unworthy of their notice.
     Though the negroes of Sierra Leona are less black than those of Senegal, they are not, however, as Struys asserts, of a reddish colour. The custom prevalent among them, as well as among the negroes of Guinea, of painting

their

464 HISTOIRE NATURELLE

Saint-Thomas, qui n’est qu’à un degré & demi de l’équateur, conservent leur couleur & demeurent blancs jusqu’à la troisième génération, & il semble insinuer qu’après cela ils deviennent noirs, mais il ne me paroît pas que ce changement puisse se faire en aussi peu de temps.
     Les Nègres de la côte de Juda & d’Arada sont moins noirs que ceux de Sénégal & de Guinée, & même que ceux de Congo, ils aiment beaucoup la chair de chien & la préfèrent à toutes les autres viandes; ordinairement la première pièce de leurs festins est un chien rôti; le goût pour la chair de chien n’est pas particulier aux Nègres, les sauvages de l’Amérique septentrionale & quelques nations Tartares ont le même goût, on dit même qu’en Tartarie on châtre les chiens pour les engraisser & les rendre meilleurs à manger. Voyez les nouveaux voyages des isles. Paris, 1722. Tome IV, page 165.
      Selon Pigafetta, & selon l’Auteur du voyage de Drack qui paroît avoir copié mot à mot Pigafetta sur cet article, les Nègres de Congo sont noirs, mais les uns plus que les autres & moins que les Sénégalois, ils ont pour la plûpart les cheveux noirs & crépus, mais quelques-uns les ont roux, les hommes sont de grandeur médiocre, les uns ont les yeux bruns & les autres couleur de verd de mer, ils n’ont pas les lèvres si grosses que les autres Nègres, & les traits de leur visage sont assez semblables à ceux des Européens*.

* Voyez Indiæ Orientalis partem primam. p. 5. Voyez aussi le voyage de l’Amiral Drack. page 110.

Ils

NATURAL HISTORY. 285

their bodies with red, and other colours, possibly misled that author. Among the latter the women are more debauched than at Senegal; prodigious numbers of them are common prostitutes, from which they incur not the smallest disgrace. Both sexes go with their heads uncovered, and their hair, which is very short, they shave or cut in various forms. In their ears they wear pendants, which weigh three or four ounces, made of teeth, horns, shells, wood, &c. Some have the upper lip, or nostrils, pierced, for the same purpose. They wear a kind of apron made of apes’ skins and the bark of trees. They eat fish and flesh, but yams and bananas are their chief food. They have no passions but for women, and no inclinations but to remain idle and inactive. They live in wretched huts, frequently situated on dreary wilds, though in the neighbourhood of fertile and delightful spots. The roads from one place to another are commonly twice as long as they need be; they never attempt to curtail them, and even when told how in half the time they may reach any particular spot, they persist in mechanically following the beaten path. They never measure time, nor have the smallest idea of its value.

Though

DE L’HOMME465

     Ils ont des usages très-singuliers dans certaines provinces de Congo, par exemple, lorsque quelqu’un meurt à Lowango ils placent le cadavre sur une espèce d’amphithéatre élevé de six pieds dans la pasture d’un homme qui est assis les mains appuyées sur les genoux, ils l’habillent de ce qu’ils ont de plus beau & ensuite ils allument du feu devant & derrière le cadavre, à mesure qu’il se dessèche & que les étoffes s’imbibent ils le couvrent d’autres étoffes jusqu’à ce qu’il soit entiérement desséché, après quoi ils le portent en terre avec beaucoup de pompe. Dans celle de Malimba c’est la femme qui ennoblit le mari; quand le Roi meurt & qu’il ne laisse qu’une fille, elle est maîtresse absolue du royaume, pourvû néanmoins qu’elle ait atteint l’âge nubile, elle commence par se mettre en marche pour faire le tour de son royaume, dans tous les bourgs & villages où elle passe tous les hommes sont obligez à son arrivée de se mettre en haie pour la recevoir, & celui d’entre eux qui lui plaît le plus, va passer la nuit avec elle; au retour de son voyage elle fait venir celui de tous dont elle a été le plus satisfaite & elle l’épouse, après quoi elle cesse d’avoir aucun pouvoir sur son peuple, toute l’autorité étant dès-lors dévolue à son mari; j’ai tiré ces faits d’une relation qui m’a été communiquée par M. de la Brosse qui a écrit les principales choses qu’il a remarquées dans un voyage qu’il fit à la côte d’Angola en 1738; il ajoûte un fait qui n’est pas moins singulier: «ces Nègres, dit-il, sont extrêmement vindicatifs, je vais en donner une preuve convaincante; ils envoient à chaque instant à tous nos

comptoirs

286 BUFFON’S

     Though the negroes of Guinea are generally healthy, they seldom attain old age. A negro, at the age of 50, is a very old man. This contracted period of existence may, with great probability, be imputed to the premature intercourse between the sexes. The boys, in their tenderest years, are permitted to pursue every debauchery; and as for the girls, nothing in the whole country is so rare as to find one who remembers the period at which she ceased to be a virgin.
     The inhabitants of the island of St. Thomas, of Annobona, &c. are negroes, similar to those of the neighbouring continent. Dispersed, however, by the Europeans, they are few in number, and those subjected to the bondage of their invaders. Both sexes, the covering of a kind of short apron excepted, go naked. Mandelslo says, that the Europeans, who settle on the island of St. Thomas, which is but one degree and a half from the equator, retain their white colour till the third generation; and he seems to insinuate that they afterwards become black: but that this change should be so suddenly effected seems by no means probable.
     The negroes of the coasts of Juda and Arada are less black than those of Senegal,

Guinea,

466 HISTOIRE NATURELLE

comptoirs demander de l’eau de vie pour le Roi & pour les principaux du lieux, un jour qu’on refusa de leur en donner, on eut tout lieu de s’en repentir, car tous les Officiers François & Anglois ayant fait une partie de pêche dans un petit lac qui est au bord de la mer, & ayant fait tendre une tente sur le bord du lac pour y manger leur pêche, comme ils étoient à se divertir à la fin du repas il vint sept à huit Nègres en Palanquins, qui étoient les principaux de Lowango, qui leur présentèrent la main pour les saluer selon la coûtume du pays; ces Nègres avoient frotté leurs mains avec une herbe qui est un poison très-subtil, & qui agit dans l’instant lorsque malheureusement on touche quelque chose ou que l’on prend du tabac sans s’être auparavant lavé les mains, ces Nègres réussirent si bien dans leur mauvais dessein qu’il mourût sur le champ cinq Capitaines & trois Chirurgiens du nombre desquels étoit mon Capitaine, &c.»
     Lorsque ces Nègres de Congo sentent de la douleur à la tête ou dans quelqu’autre partie du corps, ils font une légère blessure à l’endroit douloureux, & ils appliquent sur cette blessure une espèce de petite corne percée, au moyen de laquelle ils succent comme avec un chalumeau le sang jusqu’à ce que la douleur soit appaisée*.
     Les Nègres du Sénégal, de Gambie, du Cap-verd, d’Angola & de Congo sont d’un plus beau noir que ceux de la côte de Juda, d’Issigni, d’Arada & des lieux circonvoisins, ils sont tous bien noirs quand ils se portent

* Vide Indiæ Orient. partem primam, per Philipp. Pigafettam. page. 51.

bien,

NATURAL HISTORY. 287

Guinea, and Congo. So fond are they of the flesh of dogs that they prefer it to all other viands; and, at their feasts, a roasted dog is always the first dish presented. This predilection for dog’s-flesh is not peculiar to the Negroes, but common among the Tartars and savages of North America. The former, in some places, castrate their dogs, in order to make them fat, and more palatable.
     According to Pigafetta, and Drake, who seems to have literally copied him, the negroes of Congo are black, though in a less degree than those of Senegal. Of the generality the hair is black and frizly, though of some it is red. They are of a middle stature; their eyes are either brown or of a sea-green colour; their lips are not so thick as those of the other negroes, and their features are not unlike those of the Europeans.
     In some of the provinces of Congo the customs are truly singular. When, for example a person dies at Loango, they place the body upon a kind of amphitheatre, about six feet high, in a sitting posture, with the hands resting upon the knees; they deck it out in the most ornamental dress, and then light up fires before and behind it: as the clothes absorb the

moisture

DE L’HOMME467

bien, mais leur teint change dès qu’ils sont malades, ils deviennent alors couleur de bistre, ou même couleur de cuivrea. On préfère dans nos isles les Nègres d’Angola à ceux du Cap-verd pour la force du corps, mais ils sentent si mauvais lorsqu’ils sont échauffez, que l’air des endroits par où ils ont passé en est infecté pendant plus d’un quart d’heure; ceux du Cap-verd n’ont pas une odeur si mauvaise à beaucoup près que ceux d’Angola, & ils ont aussi la peau plus belle & plus noire, le corps mieux fait, les traits du visage moins durs, le naturel plus doux & la taille plus avantageuseb. Ceux de Guinée sont aussi très-bons pour le travail de la terre & pour les autres gros ouvrages, ceux du Sénégal ne sont pas si forts, mais ils sont plus propres pour le service domestique, & plus capables d’apprendre des métiersc. Le P. Charlevoix dit que les Sénégallois sont de tous les Nègres les mieux faits, les plus aisez à discipliner & les plus propres au service domestique; que les Bambaras sont les plus grands, mais qu’ils sont frippons; que les Aradas sont ceux qui entendent le mieux la culture des terres; que les Congos sont les plus petits, qu’ils sont fort habiles pêcheurs, mais qu’ils désertent aisément; que les Nagos sont les plus humains, les Mondongos les plus cruels, les Mimes les

a Voyez les nouveaux voyagesaux Isles de l’Amérique. Paris, 1722. Tome IV. page 138.
b Voyez l’Histoire des Antilles du P. du Tertre. Paris, 1667. page 493.
c Voyez les nouveaux voyages aux isles. Tome IV. page 116.

plus

288 BUFFON’S

moisture they cover it with fresh ones, until the corpse is thoroughly dried, when, with much funeral ceremony they commit it to the earth. In the province of Malimba the husband is ennobled by the wife; and when the sovereign dies, and only leaves a single daughter, to her, provided she is marriageable, devolves the royal authority. The first thing she does is to travel over the whole of her kingdom.
     On this occasion all her male subjects are obliged, previous to her arrival at each town and village, to form themselves into a line for her reception, and she selects one to pass the night with her. When returned from her journey she sends for the man who best pleased her and instantly marries him; after which the whole regal authority devolves to the husband. These facts M. de la Brosse communicated to me in his written remarks on what he saw most worthy of notice, during his voyage to the coast of Angola, in 1738; and of the vindictiveness of these negroes he adds the following anecdote: — “Every day (says he) did they demand brandy of us for the king and chief men of the place. Happening one day to refuse it them we had soon reason to repent; for several officers, both French and English,

having

468 HISTOIRE NATURELLE

plus résolus, les plus capricieux & les plus sujets à se désespérer, & que les Nègres créoles, de quelque nation qu’ils tirent leur origine, ne tiennent de leurs pères & mères que l’esprit de servitude & la couleur, qu’ils sont plus spirituels, plus raisonnables, plus adroits, mais plus fainéans & plus libertins que ceux qui sont venus d’Afrique. Il ajoûte que tous les Nègres de Guinée ont l’esprit extrêmement borné, qu’il y en a même plusieurs qui paroissent être tout-à-fait stupides, qu’on en voit qui ne peuvent jamais compter au delà de trois, que d’eux-mêmes ils ne pensent à rien, qu’ils n’ont point de mémoire, que le passé leur est aussi inconnu que l’avenir; que ceux qui ont de l’esprit font d’assez bonnes plaisanteries & saisissent assez bien le ridicule; qu’au reste ils sont très-dissimulez & qu’ils mourroient plûtôt que de dire leur secret, qu’ils ont communément le naturel fort doux, qu’ils sont humains, dociles, simples, crédules & même superstitieux; qu’ils sont assez fidèles, assez braves, & que si on vouloit les discipliner & les conduire, on en feroit d’assez bons soldat*.
     Quoique les Nègres aient peu d’esprit, ils ne laissent pas d’avoir beaucoup de sentiment, ils sont gais ou mélancoliques, laborieux ou fainéans, amis ou ennemis, selon la manière dont on les traite; lorsqu’on les nourrit bien & qu’on ne les maltraite pas, ils sont contens, joyeux, prêts à tout faire, & la satisfaction de leur ame est peinte

* Voyez l’histoire de St. Domingue, par le P. Charlevoix. Paris, 1730.

sur

NATURAL HISTORY. 289

having gone a fishing up a small lake, they erected a tent for the purpose of enjoying the fruits of their pastime. While thus employed they were joined by seven or eight negroes, the chiefs of Loango, who, in the customary mode of salutation, presented to them their hands. These they had previously rubbed with a subtle poison, whose effect is instantaneous, when unhappily the persons to whom it is communicated takes any thing without first washing their hands; and so successful were they in their purpose, that no less than eight persons perished upon the spot.”
     As a cure for a pain of the head, or for any bodily pain whatever, these negroes make a slight wound upon the part affected, and through a small horn, with a narrow hole, they suck out the blood till they obtain relief.
     The negroes of Senegal, Gambia, Cape de Verd, Angola, and Congo, are of a more beautiful black than those of Juda, Issigni, Arada, and of the circumjacent places. They are exceedingly black when in health, but when sick they become of a copper-colour.
     “In our islands (says Father du Tertre in his history of the Antilles) the negroes of Angola are preferred to those of Cape de Verd,

for

DE L’HOMME469

sur leur visage; mais quand on les traite mal, ils prennent le chagrin fort à cœur & périssent quelquefois de mélancolie: ils sont donc fort sensibles aux bienfaits & aux outrages, & ils portent une haine mortelle contre ceux qui les ont maltraitez; lorsqu’au contraire ils s’affectionnent à un maître, il n’y a rien qu’ils ne fussent capables de faire pour lui marquer leur zèle & leur dévouement. Ils sont naturellement compatissans & même tendres pour leurs enfans, pour leurs amis, pour leurs compatriotes*; ils partagent volontiers le peu qu’ils ont avec ceux qu’ils voient dans le besoin, sans même les connoître autrement que par leur indigence. Ils ont donc, comme l’on voit, le cœur excellent, ils ont le germe de toutes les vertus, je ne puis écrire leur histoire sans m’attendrir sur leur état, ne sont-ils pas assez malheureux d’être réduits à la servitude, d’être obligez de toûjours travailler sans pouvoir jamais rien acquerir! faut-il encore les excéder, les frapper, & les traiter comme des animaux! l’humanité se révolte contre ces traitemens odieux que l’avidité du gain a mis en usage, & qu’elle renouvelleroit peut-être tous les jours, si nos loix n’avoient pas mis un frein à la brutalité des maîtres, & resserré les limites de la misère de leurs esclaves. On les force de travail, on leur épargne la nourriture, même la plus commune, ils supportent, dit-on, très-aisément la faim; pour vivre trois jours il ne leur faut que la portion d’un Européen pour un repas; quelque peu qu’ils mangent & qu’ils dorment; ils sont toûjours

* Voyez l’Histoire des Antilles, page 483 jusqu’à 533.

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Miriam Claude Meijer, Ph.D.
12/13/05
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